L'amour après l'abus

L'amour après l'abus
Crédit: beerlogoff/Shutterstock

J'ai vécu de la violence psychologique. J'en ai déjà parlé. Si lorsqu'on vit une épreuve, les témoignages d'expériences similaires apaise, je crois que ceux qui suscitent l'espoir en font tout autant. J'ai eu quelques relations depuis. Et si la plupart me laissaient un goût amer et la crainte de retomber dans les même patterns, de revivre la même histoire en boucle, l'une d'elles fut différente.

Chat échaudé craint l'eau froide et je me suis toujours lancée dans mes relations avec crainte, guettant ce moment où, inévitablement, quelque chose clocherait. Le moment où la fureur me monterait à la gorge et où mon cœur se serrerait dans ma poitrine. Le moment où je me sentirais enfermée dans une case trop étroite pour moi. Ces moments qui finissaient inlassablement par se succéder, par se ressembler.

Puis, une fois, ce n'est pas arrivé.

Je n'ai pas appris à aimer. J'ai appris à me faire des amis, à socialiser correctement. L'amour et ses découvertes sont survenus sur le tard, à l'adolescence, à tâtons. Ces maladresses cumulées au hasard ont dû être à l'origine de mes unions toxiques, malheureuses. Pour moi à l'adolescence, c'était les éclats, les grands gestes qui faisaient vibrer. Comme ce qu'on voit à la télé. Les grandes disputes et les réconciliations grandioses.

Aimer, ça doit frapper, ça doit brûler.

Pourtant, avec cette personne, je n'ai rien reconnu de l'idée que je me faisais de l'amour. Aucun éclat, aucun déchirement. Rien qui frappe ou brûle. Douceur, simplicité et tendresse ont modelé notre relation, qui jamais ne s'est envenimée comme les précédentes. Tout était plus clair, plus simple.

Je suis jeune et ma relation aussi. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais ce que je sais désormais, c'est ce que je vaux. Je connais la valeur de l'amour que je mérite et je sais que peu importe ce qui arrive, je ne voudrai jamais rien de moins que ça. J'ai appris que l'amour peut être doux, simple et tendre et qu'il ne peut pas en être autrement. Que je ne suis pas faite pour les angoisses, les bouleversements et les grands soubresauts de passion.

Parfois, j'y pense et je me trouve conne de ne pas avoir été capable de le savoir avant. Je me dis que je me serais évité ben du trouble et que c'est d'une évidence effroyable. Il y a peut-être des choses qu'il a fallu que je vive pour vraiment les comprendre…

Dans mon premier texte, j'espérais que si quelqu'un vivant une même situation me lisait, qu'il.elle pourrait se l'avouer, se l'admettre sans se sentir fautif.ive.
Maintenant, j'espère que celles et ceux qui ont été blessé.e.s et marqué.e.s par des relations toxiques croient et savent qu'à un moment donné, il est possible qu'il.elle.s puissent vivre un jour quelque chose de beau, quelque chose à leur mesure.