Dans quelques jours, c’est la Saint-Valentin. Je me rappelle de mes années au secondaire… les cœurs à la cannelle, les chocolats emballés, l’unique rose achetée au coût de 1 $ à l’Agora. J’ai toujours su que c’était une fête commerciale, mais tout de même, c’était le fun. Maintenant, je revis toutes ces émotions par l’entremise de mes élèves. Ils sont fébriles : on le sent dans l’air, dans le compte à rebours de Cupidon. Les activités sur l’heure du midi à l’effigie de cette fête ont débuté. Ils ont 16-17 ans, l’espoir au cœur, l’amour à portée de main. Ils sont beaux.
Je m’en rends compte tous les jours : le cœur de mes élèves est pur, bon. Mais il est naïf et facilement écorché. Puisqu’ils sont importants pour moi et qu’il y a tant de choses que j’aimerais leur faire comprendre avant que la dernière cloche ne sonne, j’ai décidé de célébrer le véritable amour par ce texte : l’amour de soi.
J’aimerais leur dire que je les comprends de se sentir un peu perdu.e.s face à toutes les normes sociales qu’on leur impose. Je me sens étouffée aussi! On leur demande d’être chick, d’être drôle, d’avoir une tête sur les épaules, d’aller au gym, de se maquiller à la perfection, de ne pas avoir de petit ventre mou #Gaga… C’est beaucoup! 'Faut que ce soit tough, un gars, mais 'faut que ce soit capable de parler de ses émotions. 'Faut que ça puisse protéger les filles, péter des gueules. La société leur demande d’être parfaits. Des versions miniatures de Barbie et Ken. Swipe à gauche, swipe à droite… comme si l’amour se gérait à coup de likes.
J’aimerais leur dire qu’ils sont assez. Qu’ils ne doivent pas nécessairement être en couple pour la Saint-Valentin (ou tous les autres jours de l’année) et qu'ils n'ont pas besoin de changer pour plaire à l'autre. Leur sourire, leur rire, leur beauté naturelle, leurs yeux qui s’illuminent lorsqu’ils comprennent finalement la matière enseignée – tout ça, c’est suffisant pour qu’une personne en tombe amoureux.se. Comme ça, juste comme ça. Pas besoin de superflus. C’est facile, de se trouver un chum ou une blonde, mais c’est difficile, d’en trouver un.e qui nous permet de devenir une meilleure version de nous-mêmes. Et entre vous et moi, c'est ça, le vrai amour.
J’aimerais leur dire que le secondaire, c’est les papillons, les émotions, la passion. Mais c’est aussi les peines d’amour, les échecs, les déceptions. Tout ça, c’est nécessaire à leur développement. Même si ça leur fait mal, même s’ils en pleurent.
J’aimerais leur dire de ne pas avoir peur d’aimer, mais d’essayer tout de même de ne pas donner leur « je t’aime » à tou.te.s ceux.elles qui croiseront leur route. Prendre son temps, c'est apprendre à écouter son corps, tout comme sa tête. C'est correct aussi, de se tromper. L'erreur en soi est un apprentissage.
J’aimerais leur dire de ne pas avoir peur de rester célibataires. Ne pas être en couple, ça donne l’impression de ne pas être complet.e. De ne pas être socialement acceptable. Alors que ça l’est. Rien ne m’insulte plus que de me faire dire : « Hein?! T’as pas de chum? Pourtant tu es cute et intelligente!! » So what??!!! Non, je ne suis pas en couple. Et je n’ai pas besoin de me justifier. Eux non plus d’ailleurs.
Je suis complète. En couple ou seule : je suis assez.
C’est la même chose pour eux.
Nous sommes assez.
Joyeuse Saint-Valentin!