Je ne sais pas vous, mais moi, j’étais une enfant qui vivait vraiment intensément ses émotions. La colère, la tristesse, la joie, la honte, l’émerveillement et l’envie pouvaient s'enchaîner en un seul après-midi. Et quelque part, même si elles étaient parfois (souvent) négatives, j’aimais beaucoup ressentir ces émotions. Je me trouvais privilégiée de pouvoir les vivre. Je me sentais vivante (lol) et à l’écoute de mon corps #TrèsAdulte.
Ma préférée était définitivement la hâte. Je pouvais être tellement impatiente la veille de Noël que cela m’empêchait de dormir. Même chose avant un tournoi d’impro ou n’importe quelle journée importante. J’adorais me coucher le cœur gonflé de hâte et d’attentes positives.
Aujourd’hui, j’ai plutôt l’impression que mon anxiété généralisée a pris toute la place. Je suis rarement euphorique, et le bonheur n’est plus tout à fait ce qu’il était. Comme s’il n'existait maintenant que deux sentiments principaux chez moi : anxieuse, et un peu moins anxieuse.
Je savoure les seconds moments, mais c'est vraiment fâchant de me dire que, physiquement, c’est toujours là. Que chaque jour, mon cœur revêt cette couche gluante de goudron malodorant, qui fait juste me rappeler que je ne peux plus vivre mes sentiments comme avant. Et que, surtout, je n’ai plus jamais hâte : l’excitation s’est transformée en anxiété, et je ne sais plus comment dealer avec mon ancienne émotion favorite.
Plus je vieillis, plus je me rends compte que je ressens de moins en moins de choses. Moins de colère, moins de joie, moins d’amour, moins de hâte, moins de haine, moins de toute… Je suis beaucoup plus lasse et détachée face à ce que je vis. J’essaie de me rassurer en me disant que c’est un peu ça, devenir adulte : mes proches me disent qu’ils me comprennent et que c’est ~ pareil ~ pour eux, donc I guess que je ne suis pas la seule. Mais je m’ennuie du temps où c’était la hâte qui me serrait le cœur avant de m’endormir, et non l’anxiété.
Je sais que beaucoup de gens peuvent relate à ce petit article. Loin de moi l’idée d’écrire pour me plaindre : ces mots sont les miens et ne veulent pas grand dire grand-chose, au final. Mais si jamais en lisant cela, l’un.e de vous se dit : « Ouain, ben moi aussi, c’est un peu ça », sachez que vous n’êtes pas les seul.e.s. En tout cas, il y a moi!
Est-ce que vos émotions sont moins fortes, ou moins nombreuses, en vieillissant?