
Entre mon régime composé principalement de cigarettes avec café tiède et mes achats compulsifs de figurines d’Elvis, mon salaire minimum (et minimal) s’Avadait Kedavrait comme, genre, full vite. Si vous vous posez la question, oui, je viens en effet de conjuguer à l’imparfait le killing curse d’Harry Potter.
En tout cas. Mon amie et moi avions mis au point un système infaillible (NOT) pour gérer les dépenses impulsives, soit un petit coup de téléphone (l’ancêtre du texte, là) pour se demander l’une et l’autre si notre objet de convoitise était, en fait, une envie ou un besoin. Ça a fonctionné un bout, avant de déraper en justifications pour s’encourager mutuellement dans nos achats inutiles de poupées zombies et autres Monsieur Patate version Indiana Jones. #TrueStory
Toujours est-il que ce dérapage était dû à la frontière floue qui sépare envies et besoins. Ou plutôt à la réalisation que les besoins ne se résument aux fonctions de base que dans leur expression la plus simple. Qu’il existe une multitude de besoins et, surtout, de multiples définitions de ce qu’est un besoin.
Puisque le format présent n’est pas une épreuve synthèse de philosophie dans laquelle je pourrais élaborer en 83 pages une définition semi-précise de ce que constitue un besoin, allons-y avec la prémisse suivante : c’est pas si simple que ça!!!
La frontière floue entre besoins et envies : utile ou inutile?
Même le sommeil et l’alimentation, qui pourraient sembler être le summum des besoins de bases, sont beaucoup plus complexes. En ce sens qu’on peut tous survivre un bout en mangeant des patates et en dormant sur un plancher. Mais personne (ou presque…) ne veut ça. Donc, l’idée de besoin inclut aussi l’idée de confort et de bien-être. Deux autres mots qui pourraient aussi être l’objet de dissertations interminables.
Mais arrêtons-nous à l’évidence : le confort et le bien-être, c’est un peu propre à chacun et c’est aussi essentiel. Et c’est aussi une notion de privilégiés si on y réfléchit. Surtout (mais pas seulement) au niveau financier. Parce que pour une méchante de gang de personnes, réfléchir à son bien-être ou à quoi que ce soit qui aille au-delà de la survie relève de l'utopie. En écrivant ce texte, je prends conscience de mes privilèges, même lorsque j'étais cégépienne et que mon portefeuille était peu renfloué.
Le créneau du bien-être est exploité à fond par le marketing, qui utilise l’idée qu’un achat peut apporter du bonheur pour nous convaincre de nous laisser tenter. On a tous en tête des publicités où on nous effoire dans le visage une association douteuse entre une simulation de bonheur et l’achat d’un yogourt à la mode dans un emballage hip-full-chill. Ça me gosse. Ça peut être cool de se garder un p’tit œil prudent quand on scanne la tonne de publicité qui nous ensevelit.
Credit : Giphy
Fait que, elle est où la ligne entre ce qui est utile et inutile?!? La vérité, c’est que je n'en sais rien! Je sais par contre que la privation, c’est rough sur le dedans de l’humain et que la pression de l’image de bien-être, puis la consommation qui y est souvent associée, c’est pas plus glorieux.
Pour ceux et celles que ça intéresse, dix ans plus tard, j’aime toujours autant mon Monsieur Patate Indiana Jones. Je ne regrette rien.