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Honteuse la masturbation?
Crédit: Mélodie Perrault / Instagram

J’ai, dans ma tête, un souvenir bien précis de la première fois que j’ai avoué à une amie que je me masturbais. J’avais 15 ans, j’étais en secondaire trois, c’était dans le cours de français. Ce dont je me souviens surtout, c’est la réaction de mon amie qui m’a dit que « voyons Salomé, les filles ne font pas ça ». La honte.

Aujourd’hui, avec plus de maturité qu’à l’époque, je ne trouve pas qu'il soit honteux de dire que je me masturbe. Je ne trouve pas non plus que ce soit sale. J’aurais aimé avoir, à l’époque, le même regard que j’ai maintenant sur la masturbation pour pouvoir répondre à mon amie. J’aurais surtout aimé qu’on me dise que ça n’a rien d'étrange. La plupart des gens le font, peu importe leur genre, leur âge, leur situation amoureuse, au même titre que la plupart des gens ont des relations sexuelles*. J’aurais aimé qu’on me parle de masturbation dans les quelques cours de sexualité que j’ai eu dans ma vie.

Si j’avais eu, entre les jambes, un pénis plutôt qu’une vulve et un vagin, j’imagine que les choses auraient été différentes, même plus faciles. Il est resté dans l’imaginaire collectif l’idée que la vulve et le vagin sont malpropres, qu’affirmer les toucher et être à l’aise avec ceux-ci relève de l’excentricité. Pourtant, ce n’est pas parce que j’ai ce que j’ai comme organes génitaux que je n’ai pas de désirs ou de plaisir sexuel ou encore que je n’ai pas le droit d’avoir envie de connaître mon corps. 

J’aimerais dire à la Salomé plus jeune qu’aujourd’hui, à vingt ans, je me masturbe toujours et que je ne suis plus gênée (presque) de le dire. Non, ma vulve et mon vagin ne sont pas sales et ne l’étaient pas plus quand j’étais adolescente. C’est mon corps, j’ai le droit de faire ce que je veux avec et si j’ai envie de le toucher, de le caresser, de lui faire l’amour, j’ai le droit et je n’ai pas à avoir honte. Je suis loin d’être la seule à le faire maintenant et j’étais probablement bien loin d’être la seule à quinze ans aussi. J’aime le plaisir sexuel, j’ai du désir sexuel et par-dessus tout ça, je suis comme tout le monde.

La masturbation m’a aussi aidée, comme beaucoup d’autres, à découvrir mon corps, son fonctionnement et ce qu’est la sexualité. Si toutes les vulves et tous les vagins sont différents et atteignent l’orgasme différemment, j’ai été bien contente de connaître mon corps la première fois que j’ai sauté dans le lit avec une autre personne, HA.

Les grands non-dits autour de la masturbation affectent tout le monde. Lors de mes premières relations sexuelles, je savais très bien comment stimuler un pénis. L’autre ne savait pas tellement quoi faire devant ma vulve. C’est arrivé à beaucoup autour de moi et ça me frustre vraiment que mon plaisir n’ait pas la même visibilité. Je me souviens même avoir dû ouvrir les jambes devant une personne pour lui expliquer ce qu’était le clitoris et les différentes parties de mon anatomie. Comprenez-moi bien, c'est correct de ne pas avoir eu accès à une bonne éducation et de poser des questions, le problème réside plutôt dans le manque d'informations sur les vulves vis-à-vis des pénis. 
 


Crédit : Maude Bergeron/Les folies passagères

Il est du devoir de tout le monde de briser les tabous entourant la masturbation. Plus nous serons à ne pas avoir peur d’en parler et à poser les questions que nous avons, plus ce sera « normal » et accepté. En attendant, ce serait bien que chacun et chacune se renseignent autant sur les vagins et les vulves que sur les pénis. Posons des questions à nos partenaires! 

P.-S. non, ça ne rend pas sourd ou sourde.

*NOTE : Il existe aussi des personnes qui ne se masturbent pas et qui n’ont ni désirs ni plaisir sexuel. C’est normal aussi. 

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