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Les musiciens ne sont pas des bénévoles
Crédit: alexandre zveiger/Shutterstock

Les musiciennes et musiciens font face, la plupart du temps, à un préjugé particulier quant à leur titre : en effet, la musique serait un hobby, pas une profession. Il est souvent jugé acceptable par des organisations quelconques de ne pas payer les musicien.ne.s qu’ils engagent parce que ça leur permettrait d’obtenir de la visibilité. Un tel réflexe est évidemment dangereux pour leur carrière, mais surtout pour l’avenir de la musique live.

Non, la « visibilité » n'est pas une monnaie d’échange équitable à une performance. On l’a vu, par exemple, aux Jeux olympiques de Londres que le comité organisationnel ne payait pas les artistes parce qu’il leur offrait une visibilité internationale. Ça s’est évidemment avéré faux puisqu'on ne parle pas de groupes de musique qui ont fait partie de la cérémonie d’ouverture ou de fermeture, mais de groupes à qui on a demandé de jouer dans le village olympique pour le plaisir des visiteurs et où, évidemment, il n’y a pas de médias ou de maisons de disques qui se promènent pour offrir des contrats.

 

Cette situation se présente le plus fréquemment dans un contexte qui est, malheureusement, le plus problématique : celui des événements de charité. On utilise souvent une technique de manipulation émotive pour convaincre l’artiste de jouer gratuitement pour la bonne cause. Évidemment, ce serait mal vu de refuser. Pourtant, les organisateurs sont payés, les recruteurs de musicien.ne.s sont payés, le service de traiteur est payé, les serveurs sont payés, etc. Pourquoi pas les musicien.ne.s? Elles et ils devraient se voir offrir, comme n’importe quel autre salarié, les frais qui sont exigés pour leurs services et décider par eux-mêmes si ce montant sera donné à l'œuvre de charité ou non. Surtout qu’une quantité très importante des revenus d'une soirée de charité revient à payer l'organisation même de l'événement, tout l'argent récolté ne revient pas directement à la cause.
 
Les musiciens professionnels sont formés pendant des années et des années. Ce n'est plus un loisir. Quand on choisit de faire carrière, ça devient une profession au même titre qu’un médecin, un plombier, un avocat, un enseignant, etc. Demander à un chirurgien d'ôter une tumeur cancéreuse au cerveau au nom de la cause et en échange de visibilité serait pourtant incongru. 
 
Oui, faire de la musique est un plaisir, mais ça ne veut pas dire qu’on peut en faire une activité bénévole. Faire de la musique, c’est un travail à temps plein. On a des factures à payer, nous aussi. Quand je vais à la caisse à l’épicerie, la caissière ne me dit pas que c’est gratuit parce que je suis musicienne et que je ne peux pas payer avec la visibilité qu’on m’a donnée à la dernière gig que j’ai faite.
 
Je parle surtout de musique parce que c’est mon domaine, mais je me questionne : avez-vous déjà rencontré le même problème dans d’autres milieux artistiques? 

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