En 2014, j’étais perdue. Je vivais une relation compliquée et malsaine et il était devenu impératif que je m’en éloigne. J’avais le désir constant de découvrir le monde, de me sentir aussi libre qu’un oiseau. J’étouffais dans mon appart, dans ma tête et dans mon corps. Ce sentiment de panique m’a poussée à acheter un pack sac, des chaussures de randonnée et un billet d’avion. Destination : le Camino Francés. L’une des nombreuses routes du Chemin de Compostelle. Une p'tite marche de 780 km, en 28 jours, séparant le petit village de St-Jean-Pied-de-Port, en France, et de Santiago, en Espagne.
P.-S. : Un merci spécial à Mathilde et Tristan, mes compagnons de marche rencontrés au fil des jours, qui m’ont forcée à prendre une douche glacée (!!!!) pour faire descendre ma température malgré la haine dans mes yeux et mes crises de bébé. #FuckLesDouchesCommunes
De façon générale, l’expérience fut loin d’être facile. Certaines journées, je me détestais, puis je réapprenais à m’aimer. Tranquillement… au rythme de mes pas. Parce que t’sais, au cours des 30 km qui nous séparent de notre prochain gîte, on a amplement le temps de rire, de pleurer, de contempler le paysage, de parler de sujets qu’on n’avait jamais osé aborder auparavant, d’apprécier le silence aussi. Mais surtout, on a le temps de vivre.
En parcourant cette route mythique, on se découvre, on apprend à dépasser nos capacités émotionnelles et physiques. On teste notre tolérance en côtoyant des personnes plus différentes les unes que les autres. J’ai rencontré des gens incroyables provenant de France, d’Espagne, d'Irlande et même du Québec! Ces personnes m’ont transformée, m’ont rendue plus authentique. Elles m’ont fait réaliser que les murs que je créais autour de moi me coupaient de mes émotions. Je me suis permis de pleurer devant elles, de ne pas être à mon meilleur, d’être fatiguée… Je leur ai montré tous les côtés de moi. Bons comme mauvais. Savez-vous quoi? Pour la première fois, c’était ok. J’avais finalement le droit d’être vulnérable.
Depuis cette expérience, j'ai l’impression de mieux savoir qui je suis. J’ai appris que je suis forte malgré mes larmes. Que je suis indépendante, même si j’ai parfois besoin des autres. Mais, par-dessus tout, que j’ai le droit de faire des erreurs (la perfection est overrated de toute façon).
Seulement 15 % des gens qui débutent la marche en partant de St-Jean-Pied-de-Port se rendent jusqu’à Santiago. J’ai continué de marcher et de suivre les fameuses flèches jaunes, malgré la maladie, le manque de confort, les nuits sans sommeil et la douleur physique. Malgré mes pieds enflés, mes fractures de stress et mon corps endolori. J’ai persévéré et ce fut la meilleure décision de ma vie.
Le Chemin de Compostelle est une expérience humaine hors du commun. Il n’y a aucune place pour la superficialité, le jugement ou la compétition. Peu importe les défis qu’on se donne avant de commencer, la route trouvera une façon de nous décontenancer, de nous sortir de notre zone de confort. Et c’est justement à partir de ce moment qu’on commence à vivre. Se rendre à la cathédrale de Santiago ou continuer jusqu’au km 0 à Finisterre peut être une motivation suffisante pour mettre un pied devant l’autre, mais c’est le chemin et les gens qu’on croise qui en valent vraiment la peine.
J’ai appris beaucoup. J’ai survécu. J’ai marché vers moi-même… et je me suis trouvée. Enfin.
Buen Camino!