Pour moi, le 1er janvier est sans conteste la journée la plus déprimante de l’année, exception faite des catastrophes ponctuelles, genre l’élection d’un dangereux Cheetos à la tête de la première puissance mondiale. Je regarde dehors et je vois l’apocalypse zombie : au milieu d’un silence inquiétant, quelques véhicules motorisés longent les rues bordées de magasins fermés, et des êtres hagards parcourent les trottoirs d’un pas traînant en quête de leur propre cerveau. (« Coudonc, t’habites où? dans l’Hadès?», me demanderez-vous. Peut-être…)
C’est pour ça que je fais mon bilan annuel ce jour-là : les constats encourageants peuvent juste améliorer mon moral, et les prises de conscience plus difficiles ne peuvent pas trop l’altérer. L’impression de compenser ma gueule de bois par une activité constructive ne nuit pas non plus, j’avoue.
Tout ça pour dire que 2016 ne m’a pas donné de joie. Marie Kondo suggérerait probablement de m'en débarrasser.
Soyons clairs : une shitload de monde l’a eu moins facile que moi, cette année. Je n’attendrirai personne avec la grande difficulté de ma vie de blanche privilégiée, ou avec les larmes produites par la fonte du special snowflake que je croyais être. Il n’empêche que je suis déçue, déçue de moi.
Je laisse une liste pleine de points non cochés : finir ma thèse, aller davantage vers les gens, recommencer à écrire et à dessiner, accroître mon expérience de travail, essayer une nouvelle forme d’activité physique. Le plus décevant, cependant, c'est ce que je vois derrière tout ça. C’est une peur tenace contre laquelle je ne me suis pas battue : peur du risque, peur du ridicule; peur, surtout, de l’échec. C’est aussi des démarches que j’ai négligé d’entreprendre : gérer mon perfectionnisme et mon anxiété sociale, cultiver ma créativité pour oser dévier de la voie connue. C’est, en fait, tout le travail personnel que j’avais trop longtemps évité, et que j’ai laissé me sauter dans la face, pétrifiée.
Il y a bien sûr des points dont je suis fière, mais l’impression globale que me laisse 2016 est celle d’une absence à moi-même et au monde.
Je ne pensais pas être correcte avec ça. D’habitude, mon orgueil mal placé ne s’accommode pas très bien des « échecs ». Mais voilà, la clé est dans les guillemets, et je pense (miracle!) que je l'ai compris. T'sais, à quoi ai-je échoué, au juste? À la vie? Ai-je commis des fautes irréparables? Me suis-je transformée en sous-humaine? Un gros sceau de cire marqué FAIL vient-il d'être apposé sur le parchemin de mon destin? Ok, j'ai fait des constats pas cool. Il me reste à voir comment éviter de les refaire l'an prochain, sans compromis, mais sans autodépréciation. Final bâton.
Le seul fait de croire ça pour vrai, et pas simplement de me convaincre que je le crois, me montre que 2016 a eu sa pertinence.
Faites-vous un bilan annuel? Comment dealez-vous avec les aspects négatifs?