Malgré moi, je pense que je suis devenue une fille de routine. Si je n’ai pas de plan particulier, l’ordre des choses lorsque je quitte la job en semaine est plus ou moins le suivant : je rentre chez moi me changer, je vais au gym puis je passe à l’épicerie avant de rentrer préparer mon souper. #YOLO
Ce soir-là, je sortais d’un cours de cardio plutôt intense. Comme je suais à grosses gouttes et que mon teint avait violemment viré au pourpre, j’ai décidé de reprendre mon souffle un instant sur un banc du vestiaire, avant d’aller vaquer à mes autres activités, question de redevenir présentable et de ne pas effrayer la caissière de la fruiterie au coin de ma rue.
En bonne milléniale que je suis, je passe le temps en butinant d’une app à l’autre sur mon iPhone. Tous les jours, je consulte les nouvelles recettes publiées sur Foodgawker. Ben oui, j’aime ça regarder des photos de bouffe, je suis basic de même. Je cuisine beaucoup, alors c’est une bonne source d’inspiration.
Bref, la pensée me vient que ça fait longtemps que je n’ai pas préparé une batch de biscuits. Je me mets en mode recherche, absorbée par mon besoin tout nouvellement créé. C’est là que j’entends, dans mon dos : « Han, c’est drôle… tu viens de dépenser plein de calories, pis là tu regardes des recettes de biscuits! ».
Je me retourne. Une fille, je ne la connais pas. J’ai l’impression qu’elle me regarde le petit gras de bras. Je rougis, ce qui est dissimulé par mes plaques bourgogne d’effort cardio-vasculaire déjà installées. Je me sens conne d’avoir eu cette idée. Je bafouille une excuse quelconque du genre « c’est pour un pot-luck au bureau » ou ben « c’est une recette santé ». Je ne sais plus trop, j’oublie le reste de la conversation.
La vérité, c’est que j’ai longtemps eu honte de ma légendaire gourmandise. J’aime manger et ce n’est pas d’hier. Selon ma mère, ma première phrase ever aurait été : « C’est bon! ». Je mangeais des bines à l’érable, t’sais.
Je me souviendrai toujours de l’humiliation cuisante que j’ai ressentie un jour en maternelle quand, en sortie scolaire au McDo (ç'a l’air que ça se faisait dans les années 90), notre enseignante nous a donné le choix entre manger un dessert ou passer un moment dans les jeux après le repas. TOUTE la classe a choisi les jeux… excepté moi. Je voulais vraiment mon chausson aux pommes, mais je me suis fait dire de laisser faire ma gloutonnerie, que la majorité avait parlé. La situation était comme vraiment embarrassante, même à 5 ans.
Dans le fond, faut croire qu’encore à ce jour, je continue d’avoir honte de ma gourmandise. Ne vous inquiétez pas, je les ai faits pis je les ai mangés pareil, mes biscuits. J’aurais juste voulu avoir le courage de répondre, sur mon banc de gym : « Ouin, pis? ». Une démarche d’entraînement, c’est personnel. Moi, je le fais pour être en santé, me sentir bien, me dépasser et être fière de moi parce que je deviens tranquillement plus forte, plus puissante. C’est dommage que j'aie quand même l'impression d'avoir des comptes à rendre quand ça me tente de grignoter quelque chose qui me fait plaisir.
En passant, c’est pas mal creep de regarder ce que je fais sur mon téléphone, par-dessus mon épaule. Heureusement que j'avais fini de googler « can cookie dough make me sick from salmonella »!
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