« Ton nom là, il vient d'où? »
– De mes parents.
– Non, mais tu viens d'où?
– Ben, je suis née à Montréal là…
– Non, mais d'où tu viens pour vrai de vrai?!
Longtemps, j’ai refusé de répondre à cette question. J'avais l’impression de devoir justifier ma présence. Puis, j'ai abandonné pour désormais prendre un malin plaisir à répondre : « Je suis africaine. » J’aime voir cette expression sur le visage des gens, qui me rappelle un passage particulier du film culte Mean Girls :
Source : Giphy
Tout ça pour parler d’un phénomène qui m’horripile particulièrement. La vision qu’ont certaines personnes de l’Afrique comme étant un seul et unique pays désert, où tous les enfants jouent dans le sable et sont éligibles à être parrainés à travers Vision Mondiale. Cette interprétation de l’Afrique, don’t get me wrong, n’est pas faite de mauvaise foi, au contraire. Elle est souvent amenée par des individus qui veulent défendre les pauvres Africains, victimes de l’uniformisation occidentale qu’on tente de leur imposer alors qu’ils n’ont pas les mêmes moyens que nous, ici.
Dans un de mes cours à l’université, on parlait des modes de transmissions modernes de la musique. Une camarade, voulant bien faire, lève la main : « Je ne me sens pas à l’aise de parler aussi généralement de ça. En Afrique, par exemple, ils ne sont pas aussi connectés que nous, ils ne doivent pas savoir ce qui se passe ici, j’ai peur qu’on impose notre pensée occidentale. » Honnêtement là, en général, en Afrique, il y a l’Internet, les gens ont une télévision et tout le monde a un téléphone cellulaire.
On peut désormais se le dire avec assurance, l’Afrique, c’est un immense continent comportant une diversité culturelle incomparable. Selon moi, ça se fait, mal parler de l’Afrique out large, sauf quand c’est pour la pointer sur une carte.
Je suis originaire d’Algérie, plus précisément de la Kabylie. Il m’est souvent arrivé, une fois ma confession faite, de me faire servir des commentaires et questions du genre :
« Tu dois être contente quand tu reviens ici, ce n'est pas facile là-bas, surtout pour les femmes »,
ou encore :
« Est-ce que ta mère porte le voile? »
Voici deux choses, parmi tant d'autres, à ne jamais dire à une deuxième génération.
J’ai l’air de chialer, mais franchement, je suis bien heureuse d’avoir grandi à Montréal. J'ai eu la chance d'y récolter tout ce que je préfère des deux cultures. Des fois, c’est difficile, se sentir assis entre deux chaises, mais le mélange des cultures de sang et cultures de sol qui m’identifie est une véritable richesse pour moi.