Aller au contenu
S’approprier son apparence, ou pourquoi je ne veux pas de votre opinion
Crédit: Maude Bergeron pour Les folies passagères/Instagram

Gros et grosses, minces, petits et petites, grands ou grandes, peu importe la couleur de sa peau, sa religion, ses capacités physiques ou son genre, je crois fermement que tout le monde mérite de se sentir bien dans son corps. Malheureusement, on est shamés de tous bords tous côtés, et certaines personnes le sont plus que d’autres. Il existe plusieurs façons de se sentir bien dans sa peau, mais pour moi, ça passe vraiment par l’appropriation corporelle.

L’appropriation corporelle, c’est bien simple (ou pas), c’est de s’approprier son corps. Il faut réussir à se rentrer dans la tête que notre corps et notre apparence nous appartiennent, et que ceux et celles qui pensent que leur avis vaut sur notre corps et notre apparence sont dans le champ ben raide. Nous n’avons pas à être d’accord ou pas avec ce que les autres font de leur corps et de leur apparence, il faut apprendre à se mêler de ses oignons des fois. Si on fait ce que l’on fait pour soi-même, et que ça nous fait sentir bien, je ne vois pas de problème.

Je suis une fille donc, nécessairement, beaucoup de gens pensent que mon apparence et ce que je fais de mon corps les regardent. Je pourrais dresser une liste extrêmement longue de toutes les choses qui ont pu nuire, à un moment ou un autre, à la vision que j’avais de mon corps et de moi-même, mais je ne m’attarderai qu’à une chose pour aujourd’hui : l’espèce d’archétype de la féministe poilue et mal baisée, aux antipodes de tout ce qui est souvent considéré comme « féminin ». Comme si toutes ces choses dites « féminines » étaient incompatibles avec la force d’esprit, l’indépendance, la revendication et l’action. Détrompez-vous, les milieux féministes sont tout aussi pollués par ces stéréotypes. J’ai eu de la difficulté à me faire prendre au sérieux, même si je suis féministe jusqu’à la moelle, parce que je capote sur le maquillage, j’adore la lingerie, les paillettes, les robes, les jupes, les bijoux et le rose.
 


Crédit : bebe_dirtydancing/Instagram 

Je me suis approprié mon corps pour l’aimer et avoir confiance en moi. Ce n’est vraiment pas facile tous les jours, mais je fais ce que je peux et ce que je veux avec. Je me fais tatouer et ça m’aide à apprécier les parties de mon corps que j’aime moins : je ne vois plus mes cuisses, je vois des dessins que j'aime. Je me maquille pour faire baisser mon anxiété, parce que pour moi, c’est de l’art qui me permet de faire ressortir ce que je trouve beau de mon visage.

Je porte des vêtements qui n’ont aucun rapport avec la saison ou la mode du moment parce qu'ils me plaisent et qu’ils me vont bien. Je me fous des coupes supposées me « mettre en valeur » parce que l'important à mes yeux, c’est d’aimer ce que je porte. Je me coupe les cheveux moi-même. Je me rase si j’en ai envie, je ne le fais pas pour les autres.

Il y a mille manières de s’approprier son corps et elles sont toutes correctes. J’invite ceux et celles qui ont envie de me dire leur opinion sur ce que je fais de mon corps à tourner pas mal plus de sept fois la langue dans leur bouche avant de parler.
 


Crédit : F is the key/Facebook

Encore, je reconnais mes privilèges. J’ai une morphologie jugée « moyenne », alors je trouve des vêtements à ma taille dans tous les magasins et les friperies (sauf les chaussettes au-dessus du genou qui font forever un bourrelet de cuisse). Je suis blanche, donc toutes les compagnies de cosmétiques tiennent des lignes convenant à la couleur de ma peau et à la forme de mes yeux.
J’arrive à me mettre des sous de côté pour me faire tatouer une fois de temps en temps. J’ai les habiletés manuelles pour me couper les cheveux moi-même. Je suis athée, donc je ne reçois pas de commentaires à propos d'accessoires traditionnels religieux. Je suis cisgenre et personne ne me demande de « prouver » mon identité pour reconnaître que je suis une fille.

S’approprier son corps ne veut pas pour autant dire qu’il faut cesser de se questionner sur le pourquoi de nos actions. Si par exemple on se maquille, même si l’on n’aime pas ça, pour plaire aux hommes, il y a un problème, effectivement. Sauf que ce qui est à blâmer, c’est le patriarcat et ceux et celles qui le perpétuent, pas la personne qui fait le choix de se maquiller. Si des choses comme ça se produisent encore, c’est simplement signe que la lutte n’est pas finie. Ça ne veut pas dire que ceux et celles qui se maquillent le font nécessairement pour plaire aux autres. Il ne faut jamais assumer que les décisions des autres par rapport à leur apparence sont destinées à plaire. Je donne ici l’exemple du maquillage, car il me semble facile, mais il en va de même pour le voile, les tatouages, les poils, les chirurgies ou les modifications corporelles. 

Bref, peu importe qui vous êtes, les choix que vous faites ne devraient vous concerner vous, et que vous. En fin de compte, l'important, c'est que vous soyez bien dans votre peau.

Plus de contenu