La guignolée des médias : quand une soirée gastronomique laisse des blogueurs sur leur faim
Magalie BironÀ moins de vivre sous une roche, vous devez savoir que Noël, ce n’est pas seulement un moment de frénésie commerciale et d'abondance. En effet, c’est aussi le temps de l’année où divers organismes nous sollicitent afin de pouvoir distribuer denrées et biens aux familles démunies par le biais de paniers de Noël. La campagne la plus connue est probablement La grande guignolée des médias organisant, depuis 2001, une grande levée de fonds annuelle qui sollicite des figures médiatiques connues afin d'encourager les gens à faire preuve de générosité.
Cette année, Bob le Chef s’est associé à la cause et a organisé, le 28 novembre dernier, un événement invitant de nombreux blogueurs influents. Un menu laissait savoir aux invités qu’un gravlax de saumon serait présenté en entrée, puis le reste du repas laissait place à l’imagination. Après le gravlax, les invités ont, à leur grande surprise, dégusté une soupe Campbell à même la conserve. Le repas principal, quant à lui, était composé de pâtes assaisonnées de poivre et de sel. Pour compléter le copieux souper, le dessert fut servi. Sous les couverts argentés, les invités pouvaient lire une note leur expliquant la dégringolade alimentaire qu’ils venaient de vivre, dégringolade que de nombreux Québécois vivent chaque année et dont personne n’est à l’abri.
Je salue le geste de l’organisation qui nous rappelle que la pauvreté n’a pas de visage autre que celui de la personne qui en est habitée. Je suis certaine que les invités qui s’attendaient à une soirée gastronomique ont eu matière à réfléchir, bien humblement, aux privilèges dont ils jouissent et aux privilèges qu’ils, comme tout un chacun, pourraient perdre par un coup du sort.
Si je crois qu’il est important de donner et que je sais, pour avoir travaillé dans le communautaire pendant 4 ans, que ces paniers comptent énormément pour plusieurs familles, je ressens un malaise face aux guignolées en tout genre. Malaise que cet événement m'a permis de cerner. Souvent, on donne avec complaisance, on donne pour notre bonne conscience, notre ego. On donne aux démunis, aux pauvres. On donne des cannes de thon achetées au même moment que notre saumon fumé du réveillon. On donne en pensant que jamais nous n’aurons besoin de recevoir. On donne aux pauvres « qui font donc pitié et qui seront sûrement ben excités de veiller entre les pois chiches et les raviolis ».
Crédit : Giphy
Le contraste entre l’opulence et la déchéance, entre les besoins que l’on se crée et ceux qui ne seront jamais comblés, me laisse un goût amer. Sachant surtout que ces banques alimentaires, qui sont pleines à craquer en décembre, se retrouvent désespérément vides une fois Noël passé. Le besoin ne cesse pas après Noël.
Donnez, oui. Donnez intelligemment, donnez ce qui fait plaisir, donnez à d’autres moments de l’année, ou même, donnez de votre temps. Donnez parce que vous pouvez. Donnez par solidarité, d'humain à humain, et non pas de riche à pauvre.
Si vous voulez visionner la vidéo de l'événement décrit précédemment, il se retrouve sur la page Facebook de La grande guignolée des médias.