J’aime Montréal, je me sens à ma place ici, c’est chez moi. Je suis métisse, mes deux parents ont immigré de deux pays bien différents et se sont rencontrés ici, puis ils ont créé une Montréalaise (moi!).
Ma mère aurait voulu retourner vivre en France, mais vu la couleur de mon père, c’était plus safe de rester à Montréal parce qu’ici, la société était plus ouverte à la différence qu’en Europe. Mon père ne voulait pas partir de toute façon, donc too bad, maman! Je préfère ça comme ça, moi aussi. Je n'ai jamais été victime de racisme ouvertement, à part une fois quand un personnage en état d’ébriété m’a crié par la fenêtre d’un bus de « rentrer chez moi! » sans aucune raison apparente. Mais ça, je m’en fous, ça ne compte pas pour moi (en fait, peut-être que ça compte plus que je ne le pense puisque ça s’est passé il y a dix ans et que je m’en rappelle comme si c’était hier).
Bref. J’ai vécu quelques malaises, mais je n’avais pas de mots pour les exprimer jusqu’à l’an passé, quand j’ai suivi un atelier intitulé Race qui m’a fait réaliser pas mal de choses et validé plusieurs des expériences que j’ai eues. On a parlé de privilège, de discrimination, de racisme systémique et de plein d’autres trucs super cool du même genre!
Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous une petite #TrancheDeVie d’étudiante racisée (aka issue d’une minorité visible). Je suis une nerd assumée, je finis présentement un deuxième baccalauréat et je vais sûrement faire une maîtrise par la suite, puis qui sait, peut-être même un doctorat! S’il y a une chose qui me manque cruellement, surtout depuis mes débuts à l’université (il y a 70 000 ans), c’est un modèle de réussite qui me ressemble. Des modèles de femmes noires ou brunes qui sont profs ou assistantes profs à l’université, je n'en ai pas eu. Juste pas. J’ai eu un seul prof noir, bless his soul. Et ça m’énerve, ce n'est pas assez. J'ai travaillé dans plusieurs laboratoires et rencontré pas mal de gens qui travaillent en recherche, et pourtant j'ai toujours été la seule black.
J’ai envie de me voir, femme et black, là où je veux être d’ici quelques années, à travers des femmes qui y sont déjà. Bien sûr, j’ai des modèles de femmes blanches incroyables qui m’inspirent énormément. Bien sûr, je suis aussi inspirée par des femmes noires qui se démarquent dans toutes sortes d’autres domaines. Mais dans le milieu académique québécois que je fréquente depuis six ans, zéro.
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Mais pourquoi? Où sont-elles? J'y pense souvent, et je ne suis pas la seule à souffrir de ce manque. S'il y a une chose qui est sûre, c'est que ça me motive à atteindre mes objectifs. Parce qu'un jour, j’aimerais être ce modèle pour une petite brunette qui se trouve peut-être déjà quelque part à Montréal, who knows.
Et vous, est-ce que vos modèles de réussite vous ressemblent?