J'ai toujours un peu peur avant d'aller voir une pièce de théâtre. Pour les peu initiés anxieux comme moi, la perspective de se sentir en otage émotionnel dans une salle étouffante à essayer de déchiffrer des vers en alexandrin, pendant plus d'une heure, ressemble vaguement à des faits vécus datant du secondaire.
Heureusement, cette image figée qui me traverse souvent l'esprit lorsqu'il est question de théâtre est loin d'être représentative de la réalité. C’est d’un point de vue de spectatrice novice que j’ai eu la chance d’assister à une représentation de la pièce Les ossements du Connemara de Martin McDonagh mardi dernier. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, quoique le résumé indique qu’il s’agit d’une « puissante comédie noire irlandaise ».
Pas dépaysante pour deux sous, bien que située quelque part en Irlande dans Saint-Profond-des-Coins-Perdus, la pièce raconte l’histoire de Mick Dowd (incarné par Hugo Giroux), un déterreur professionnel, qui s’occupe de gérer l’espace dans le cimetière local à l’aide de sa pelle et de son jeune apprenti au langage coloré, joué par le très convaincant Marc-André Thibault, qui jongle avec son personnage d’adolescent révolté et vulnérable à la perfection. C’est en exhumant des fragments du passé avec un dialogue vif et hilare que nous découvrons la dure tâche de Mick : déterrer le corps de sa femme décédée dans de nébuleuses circonstances. Pour une pièce où la mort est bien établie et qui teinte l’histoire, les rires à gorge déployée sont surprenamment de mise, avec les visites de personnages burlesques mais attachants.
Je crois que même les plus claustrophobes des spectateurs qui, comme moi, craignent de se sentir contraints, apprécieront cette pièce expansive qui nous fait avaler une pilule de noirceur humaine, tout en douceur, en l’enrobant d’un humour grinçant.
Les ossements du Connemara est en présentation au Théâtre Prospero du 8 au 26 novembre 2016. Pour consulter le calendrier des représentations, suivez le lien ici.