Mais chez nous, le poids a toujours eu une prépondérance assez élevée. Surtout lorsque j’ai commencé à grandir. J’ai pris du poids avec la puberté, et j’ai toujours pesé un peu plus que la moyenne. Rien de catastrophique, mais ç'a l’air que j’suis un peu en haut du poids « normal » (si je pouvais mettre vingt guillemets à ce mot, je le ferais).
Reste que malgré le fait que mon poids ne soit pas un problème grave du tout (j’veux dire, ma santé cardiovasculaire est bien plus importante que ce chiffre sur la balance), des commentaires sur mon poids, j’en ai eu. Et pas mal à part de ça. Me faire dire en secondaire 2 que j’ai des joues grosses comme celles d’un écureuil qui collecte des noix pour l’hiver, c’est arrivé. Plus d'une fois. Mais maintenant, c’est plus subtil. Ce que j’entends souvent, c’est : « Moi, je préférais l’autre ensemble. Il t’amincissait ». Fait que je finis toujours par enlever ce que je porte et mettre l’ensemble qui m'amincit. Même si je l’aime moins. Sauf un jour, où j’ai fait fuck off et où j’ai mis ce qui me tentait. Mais quand même, je n’étais pas à l’aise. Je me demandais si les gens me trouvaient grosse dans cet accoutrement.
J’vous raconte ça parce que j’ai réalisé il y a de cela peu de temps que les commentaires sur le poids, peu importe la forme qu’ils prennent, peuvent avoir des répercussions énormes. Être enfant et constamment entendre des commentaires sur le poids, ben, ça nous amène à grandir en considérant le poids comme un enjeu majeur. Le mot grosse devient si horripilant. Alors que dans l’fond, on s’en sacre que tu sois en surpoids. On prend le mot « grosse » comme une insulte, mais so what? Le poids des autres n'est pas de nos affaires.
C’est lorsque l’organisme ÉquiLibre, qui travaille sur les problèmes de poids et de diversité corporelle dans la société québécoise, a réalisé ça qu'il a lancé la campagne « Le poids? Sans commentaire! ». Le but est simple : ne pas parler de poids pendant presque une semaine. Cette année, la nouvelle édition, comptant toujours Saskia Thuot comme porte-parole, se déroulera à compter d'aujourd'hui jusqu'au 11 novembre 2016.
Ça paraît facile, mais ce n’est pas si simple. Cette semaine signifie ne pas parler de diètes, de régimes, de vêtements amincissants, de la silhouette ou taille d’une personne… C’est en participant à cette semaine qu’on se rend compte qu’on parle VRAIMENT BEAUCOUP de poids dans la société d’aujourd’hui. Et il faut que ça cesse. ÉquiLibre a relevé que plus d’un adulte sur deux se sent préoccupé par son poids. C'est plus de la moitié d’entre nous. Pas étonnant que la majorité des adultes questionnés ont admis avoir reçu des commentaires sur leur poids pendant leur enfance.
Relevez donc le défi! Dès aujourd'hui au 11 novembre, essayez de ne pas parler de poids, du tout. Et si nous le faisons tous, peut-être qu’un jour on arrêtera de passer des commentaires sur notre poids en guise de salutations.