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Je ne veux pas d’enfant… et je ne suis pas le seul
Crédit: tomertu/Shutterstock
Pendant des années au Québec, la parentalité était étroitement surveillée et encadrée par la religion catholique. Les femmes devaient accomplir leur « devoir » en ayant une famille nombreuse afin que les Canadiens français résistent à l’assimilation des Anglais et préservent leur langue et leur religion par la force du nombre.
 
Heureusement, avec l’arrivée de la Révolution tranquille, la religion a perdu énormément d’influence dans la sphère privée de la vie des gens, et la parentalité est aujourd’hui uniquement un choix personnel.
 
Justement, il est important de mettre l’accent là-dessus. Le fait d’avoir des enfants, ou non, est un choix personnel (avec son partenaire ou sa partenaire, évidemment). Pas le choix de matante Germaine, pas le choix des collègues de bureau, pas le choix des beaux-parents, pas le choix des gens présents au souper de famille à Noël. Un choix très personnel, que l’on doit respecter.
 
Parce qu’il faut le dire, choisir de devenir parent, c’est un choix qui transforme notre vie et qui a des conséquences énormes. On n’est pas papa ou maman 38 heures par semaine avec nos fins de semaine off et trois semaines de vacances payées l’été… Une fois qu’on a mis au monde un enfant, on est parent à temps plein. Tous les jours, 24 heures sur 24, 365 jours par année. On a une charge de responsabilités et de tâches quotidiennes accrues pour au moins les 18 premières années de la vie de notre progéniture. Pour certains, ça peut aller jusqu’à 30 ans. Ça, c’est s’il est en bonne santé mentale et physique.
 
Avoir un enfant, c’est avoir des obligations qu’on n’avait pas avant, c’est une inquiétude quasi constante que quelque chose pourrait lui arriver, c’est un don de soi pour de nombreuses années, c’est mettre sur pause certains projets personnels ou certaines activités pour se dévouer à son éducation et son développement. C’est carrément une partie importante de ses années de vie que l’on offre en cadeau. Évidemment, c’est aussi la joie d’aimer inconditionnellement et de voir grandir un être humain, notre humain.
 
Pour toutes les raisons mentionnées plus haut, je pense que les gens qui, par choix personnel, décident d’avoir des enfants et de s’épanouir de cette façon méritent toute notre admiration, car c’est un gros contrat. Mais, c’est aussi parce que c’est un si gros contrat que, par choix personnel, j’ai décidé que je n’en voulais pas. Ce n’est pas pour moi.
 
Ce mode de vie-là ne m’attire pas, il y a trop de compromis, de sacrifices à faire, pour la vie instable et pleine de projets incompatibles avec la présence d’un enfant que je désire mener. Ajoutons à ça mes problèmes de santé transmissibles par la génétique, c'est un gros non pour moi. Accepter que la parentalité est un choix personnel, c’est aussi accepter que la non-parentalité puisse en être un tout aussi légitime.
 
Je ne suis pas le seul dans cette situation, les femmes qui décident d’emprunter ce chemin étant encore plus sujettes aux questionnements et à la pression de leur entourage que ne peuvent l’être les hommes. Leurs décisions sont motivées par plein de raisons : la peur de l’accouchement, des raisons de santé psychologiques ou physiques, le fait que la maternité sous-entend un mode de vie qui ne leur convient pas ou, tout simplement, elles n’en ressentent pas du tout l’envie.
 
Non, ce n’est pas parce que nous ne voulons pas d’enfants à nous que nous détestons automatiquement les jeunes. Ce n’est pas non plus à nos connaissances, famille et amies de décider que c’est parce que nous n’avons pas encore rencontré la bonne personne, parce que nous n’avons jamais vraiment été en amour encore ou parce que nous sommes encore trop jeunes que nous avons fait ce choix.
 
Merci d’accepter le fait que notre décision puisse être le fruit d’une réflexion approfondie et de considérer celle-ci comme sérieuse. Merci de respecter notre choix au même titre que, j’ose espérer, vous respectez le choix des gens qui souhaitent avoir des enfants.
 
Notre choix est réfléchi, éclairé et assumé, c’est la non-parentalité.
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