Je suis ta coiffeuse, pas ta date

*J’utiliserai dans ce texte des exemples incluant une coiffeuse et un client puisqu’il s’agit de ma propre expérience. Le problème s’applique aussi indépendamment des genres.
 
J’ai travaillé quelque temps dans un salon de coiffure pour homme et j’ai réalisé récemment ce qui me rendait le plus mal à l’aise dans le métier : me faire cruiser.
 
J’ai, certes, rencontré plusieurs personnes très intéressantes et inspirantes au cours de ma jeune carrière, mais j’ai aussi eu à dealer avec des cas plus lourds. Des jeunes et des moins jeunes hommes qui étaient un peu trop curieux par rapport à ma vie privée.
 
Ceux-ci avaient évidemment le droit de me trouver jolie (merci), seulement, quand ils me posaient des questions indiscrètes ou qu’ils m’invitaient avec insistance à sortir avec eux, ça me mettait dans une position délicate.
 
Lorsqu’un client prend place sur la chaise de sa coiffeuse, celle-ci n’a pas le choix de le toucher et si, en plus, elle doit laver ses cheveux, elle sera très près de lui… Les corps ont donc une proximité qui peut devenir inconfortable au moment où la relation « professionnelle » prend des tournures de date (mais que ce n'est pas réciproque).
 
Je me souviens d’une fois où un client m’avait invitée à aller avec lui à son chalet (qui n’était accessible qu’en bateau, non merci!!). J’étais seule au salon et je ne me sentais vraiment pas bien. Il insistait et il me demandait pourquoi j’étais rouge (pourquoi penses-tu?!).
 
Imaginez le malaise : je devais continuer mon travail (qui consistait, entre autres, à toucher ce jeune homme) alors que celui-ci en profitait pour me cruiser sans retenue. Je n’avais aucune issue, sauf de refuser poliment en souriant à plusieurs reprises.
 
Le but d’aller voir une coiffeuse, ce n’est pas d’avoir un match, c’est de se faire couper les cheveux. J’ai l’impression que certains oublient parfois l’objectif principal. C’est difficile de donner un bon service quand on a l’impression que le client prend notre gentillesse pour un « go » à recevoir des avances.
 
Je ne dis pas que l’on ne peut pas finir en couple avec une personne que l’on a rencontrée dans le contexte où elle exerce son métier. Un coup de foudre peut facilement arriver pendant une discussion déchaînée où le client dévoile qu’il trippe sur la même musique que la coiffeuse pis… PAF! Cinq ans plus tard, ils sont mariés et ils dorment mal à cause de leur nouveau-né. Ça se peut. Je crois simplement que c’est une question de respect de rester dans une zone plus neutre (ce qui n’empêche pas de développer une complicité).
 
En fait, je pense qu’il est délicat de cruiser dans n’importe quel métier. C’est d’autant plus compliqué lorsque ce métier implique des contacts physiques. 
 
Il y a moyen d’avoir de très belles discussions (pas juste sur la météo s’il vous plaît) sans entrer dans la vie privée des autres.
 
Avez-vous déjà vécu une situation de ce genre?