J’ai été abusive envers un être aimé.
J’ai pris conscience de cela dernièrement, en lisant un article sur le sujet dans le Elle Québec. J’avais cliqué sur le lien sans attentes, et je suis ressortie de la lecture bouleversée par la réalisation que j’ai faite.
J’ai placé un être aimé dans une situation d’abus psychologique et émotif. Aujourd’hui, cette personne et moi ne sommes plus ensemble et, avec le recul, je suis sincèrement heureuse qu’il ait été capable de prendre la décision extrêmement difficile de me quitter. Parce qu’il n’était pas heureux, et moi non plus.
J’ai été d’une jalousie maladive. Je devais contrôler chaque aspect de sa vie et savoir ce qu’il faisait aux demi-heures près. S’il voyait des amis que je ne connaissais pas, et même des amis que je connaissais, j’étais aux aguets, je voulais des nouvelles de sa part le plus souvent possible. Je pouvais lui envoyer des séries de dix messages textes de suite et plus parfois, lorsqu’il ne me répondait pas dans un certain laps de temps. Il n’était tout simplement pas libre de faire ce qu’il avait envie. J’ai été étouffante. Je lui ai remis le poids de mes insécurités sur ses épaules et chacune de ses minimes erreurs devenait la fin du monde. Je lui ai fait accepter l’inacceptable bien trop souvent. Je regardais dans son cellulaire chaque fois qu’il dormait chez moi. Je transgressais son jardin secret comme s’il m’appartenait, comme si, parce que j’étais dans une relation avec lui, j’avais le DROIT de tout savoir et de tout contrôler. Et je ne vous parlerai même pas des crises que je pouvais lui piquer assez fréquemment.
J’ai tellement aimé cette personne, mais je n’étais pas capable de m’empêcher de nous saboter. Je ne minimiserai pas ce que j’ai fait en tentant de le justifier, mais une grande partie de mes comportements provenaient de problèmes non-réglés avec moi-même, en lien avec mon estime de moi, surtout. Je n’étais tout simplement pas prête à aimer quelqu’un et je l’ai malheureusement appris aux dépends de la personne aimée.
J’ai vécu très difficilement ma prise de conscience. J’avais un stéréotype bien ancré des relations abusives présentant l’homme dans le rôle de l’abuseur, et surtout présentant l’abus comme une violence physique. Dans ma relation, c’est moi qui a été l’abuseur et j’ai abusé de façon psychologique. Alors que je dénonce toutes formes de violences faites aux femmes, j’ai été coupable d’une même sorte de violence à l’égard de mon partenaire. J’ai de la misère à me pardonner.
Quand j’étais dans la relation, je savais que ce que je faisais était mal. J’avais conscience que mes comportements n’étaient pas sains et très destructeurs. Je n’ai pourtant pas été capable de les arrêter. Aujourd’hui, avec le recul, je comprends mieux les raisons de mes comportements et je crois avoir développé les outils nécessaires pour éviter que ça se reproduise dans une relation future.
Je conclurai en disant que, dans ma situation, je n’ai pas foncièrement voulu être abusive envers mon partenaire, mais c’est arrivé et il a fallu qu’il s’extirpe de notre relation pour notre équilibre mental et notre bonheur à chacun. Si vous vous retrouvez dans une situation similaire, soit en la subissant ou en la faisant subir à un être aimé, je crois qu’il est important de se positionner par rapport à l’abus vécu. Si vous êtes l’abuseur et en avez conscience, ayez une réflexion sur le pourquoi de vos comportements et changez-les au plus vite. Si vous êtes l’abusé, malgré votre amour pour l’autre personne, il est parfois mieux de se sortir de la relation, malgré la difficulté du geste.
Je m’en veux énormément du mal que j’ai causé, mais je suis la seule qui puisse travailler sur moi-même et faire en sorte de ne pas reproduire mes comportements abusifs lors d’une prochaine relation.
Avez-vous vécu une expérience similaire?