Dernièrement, le magazine LOULOU a publié une photo de Marilou sur sa page Facebook, dans le cadre de sa série #366JoursDeLooks, qui s’est value des tonnes de commentaires choquants et inexcusables. La raison? Les internautes trouvaient la blogueuse trop maigre.
Malgré les nombreux efforts de cette dernière à tenter de répandre des bonnes habitudes alimentaires et une saine relation avec la nourriture en parlant ouvertement (et généreusement) de sa lutte avec l’anorexie, #LesGens croient encore acceptable de critiquer son physique.
En lisant les nombreux commentaires, je suis tombée sur un débat, déclenché par une femme qui prétendait que Marilou avait choisi d’être anorexique et disait que puisqu’elle-même ne souffrirait jamais de trouble alimentaire (se disant à l’abri de ce trouble, contrairement au cancer dont personne ne peut contrôler l’arrivée), ce n’était qu’une pseudo-maladie. C’est à ce moment que j’ai voulu flipper des tables. Ce commentaire, empreint de grossière ignorance et complètement dépourvu de sensibilité, est venu personnellement m’attaquer. Ayant des troubles similaires, je suis révoltée de voir qu’on peut croire que j’ai cherché à vivre avec ce mal qui me torture depuis des années et qui m’obsède.
Malheureusement, cette dame n’est pas la seule à penser ainsi. Je me souviens que la chanteuse Meghan Trainor avait déjà déclaré, il y a quelques années, ne pas avoir été assez forte pour devenir anorexique et qu’après trois heures de jeûne, elle avait fini par se faire un sandwich. Comme si avoir un trouble alimentaire relevait de la force de caractère et du will power. Non, ce n’est pas une force, ce n’est pas un choix, c’est une maladie qui peut s’attaquer à n’importe qui.
Plus jeune, à la blague, je crois même sensiblement avoir déjà tenu un discours similaire : « Si seulement j’avais la capacité de ne rien manger! Hahaha. » Eh bien, aujourd’hui, je me dis : « Si seulement j’avais la force de vaincre cette maladie. » Jamais je n’aurais pu imaginer que j’allais être aux prises avec ce trouble : tout était clair dans ma tête. Je mangeais, je ne vomissais pas et je n’avais pas de problème. Quelle belle naïveté avais-je! J’ai passé mon adolescence et le début de l’âge adulte en toute quiétude, sans réel tracas à propos de mon poids. Je me croyais définitivement à l’abri de tout ce qui se rapprochait des troubles alimentaires.
Puis, j’ai commencé à être plus attentive aux différents discours autour de moi : ça parlait de plans de nutrition, de bons et mauvais aliments, de limitations et de cheat day. L’obsession de la restriction s’est immiscée dans mon subconscient quelque part à travers tout ça. Peu à peu, je me suis perdue dans ce tourbillon de besoin de contrôle. Tous les jours, je calculais ce qui entrait à l’intérieur de mon corps (je n’ai jamais été forte en maths, mais quand il s’agissait de calories, ma calculatrice mentale spinnait comme une déchaînée), je me suis mise à faire de l’anxiété, j’ai perdu mes cheveux, j’ai fait des crises de boulimie, je me suis crié après, je me suis punie, je me suis privée, je me suis détestée…
Ma chère madame qui croit que les troubles alimentaires sont un choix, si j’avais eu le choix, rien au monde, même pas les nombreux kilos que j’ai perdus, ne m’aurait fait décider de vivre cet enfer délibérément.