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Le courage de repartir à zéro
Crédit: Geoffrey Arduini/Unsplash
Je suis devenue une adulte beaucoup trop tôt. À 19 ans, j’avais ma carrière, mon fond de pension, quatre semaines de vacances par année, douze jours de maladie et un revenu qui ne devrait jamais être confié à quelqu’un de 19 ans. Ça prend du courage pour tout laisser ça derrière et recommencer, mais c’est ce que j’ai fait! J’hésite parfois à partager mon histoire parce que ce n’est pas une décision qui se prend sur un coup de tête, bien que je souhaite en inspirer quelques-unes à foncer! 
Je me suis séparée de mon copain il y a environ deux ans et, à ce moment, ma façon de percevoir mon emploi et les contraintes qui s’y rattachaient a aussi évolué. Je me retrouvais prise d’un besoin immense de liberté qu’aucune banque de vacances ni aucun compte en banque, aussi garnis soient-ils, n’auraient pu m’offrir. Je me sentais redevable à un patron dont les valeurs ne collaient plus aux miennes, prisonnière d’une équipe dont le mépris de la vie m’exaspérait et de clients pour qui décrocher la lune ne serait jamais suffisant. Ma santé, autant mentale que physique, était en train d’y passer. C’est ainsi qu’à bout de souffle, dépassée par le cours des choses, j’ai quitté le bureau au milieu d’un après-midi ensoleillé de janvier. Ma fréquentation du moment m’a dit une phrase qui résonne encore dans ma tête lors de prises de décisions difficiles : « Ce n’est pas un échec si c’est toi qui pars! ». Sur ces conseils sages, je suis revenue le lendemain, lettre de démission en mains. 

Peu de gens ont compris; on ne crache pas sur un emploi comme celui-là, encore moins sans plan de rechange. « Un emploi au gouvernement, c’est pour la vie! », m’avait même un jour dit un de mes oncles! Et, pourtant, je suis partie. Je ne savais pas ce que serait la suite, mais je suis partie! J’avais un peu de sous pour vivre quelques mois et, pour moi, ça suffisait. J’étais à bout de souffle, épuisée. J’avais besoin de partir, de repos, de souffler un peu! J’ai pris mon temps, réfléchi, voyagé, fait du bénévolat. J’ai pris du temps pour moi, fréquenté le gym les mardis matins en compagnie des retraités de Verdun, cuisiné moi-même tous mes repas, incluant mes propres barres tendres. Bref, j’ai pris le temps de reconnecter avec l’essentiel.

À l'issu de ces six mois passés à faire le vide, à me reposer et à penser à moi, j'ai opté pour une réorientation professionnelle. Décision à laquelle certaines personnes de mon entourage ont répondu : « Une réorientation professionnelle, on fait ça à 40 ans, pas en entâmant sa carrière. » Eh bien, pas pour moi! À 26 ans, je suis de retour sur les bancs d'école, confiante que je suis dans le bon domaine et j'ai un plan assez bien défini devant moi. Je côtoie d'ailleurs quotidiennement des personnes qui, comme moi, ont choisi de faire une réorientation professionnelle alors que leur carrière ne faisait que débuter et, ensemble, nous nous soutenons. 

Ça fait environ neuf mois aujourd’hui que j’ai donné ma démission, et il n’y a pas eu un seul moment où je l'ai regretté. Parfois, un haut le cœur me prend en regardant mon compte de banque, puis je suis prise d’anxiété en me demandant combien de temps encore je pourrai continuer comme ça. Je me rassure. Je me dis que je suis mieux ainsi, que j’ai appris à me contenter de peu et qu’au pire, il y aura toujours les prêts et bourses je n’aurai qu’à vendre quelques vêtements!

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