Peu de gens ont compris; on ne crache pas sur un emploi comme celui-là, encore moins sans plan de rechange. « Un emploi au gouvernement, c’est pour la vie! », m’avait même un jour dit un de mes oncles! Et, pourtant, je suis partie. Je ne savais pas ce que serait la suite, mais je suis partie! J’avais un peu de sous pour vivre quelques mois et, pour moi, ça suffisait. J’étais à bout de souffle, épuisée. J’avais besoin de partir, de repos, de souffler un peu! J’ai pris mon temps, réfléchi, voyagé, fait du bénévolat. J’ai pris du temps pour moi, fréquenté le gym les mardis matins en compagnie des retraités de Verdun, cuisiné moi-même tous mes repas, incluant mes propres barres tendres. Bref, j’ai pris le temps de reconnecter avec l’essentiel.
À l'issu de ces six mois passés à faire le vide, à me reposer et à penser à moi, j'ai opté pour une réorientation professionnelle. Décision à laquelle certaines personnes de mon entourage ont répondu : « Une réorientation professionnelle, on fait ça à 40 ans, pas en entâmant sa carrière. » Eh bien, pas pour moi! À 26 ans, je suis de retour sur les bancs d'école, confiante que je suis dans le bon domaine et j'ai un plan assez bien défini devant moi. Je côtoie d'ailleurs quotidiennement des personnes qui, comme moi, ont choisi de faire une réorientation professionnelle alors que leur carrière ne faisait que débuter et, ensemble, nous nous soutenons.
Ça fait environ neuf mois aujourd’hui que j’ai donné ma démission, et il n’y a pas eu un seul moment où je l'ai regretté. Parfois, un haut le cœur me prend en regardant mon compte de banque, puis je suis prise d’anxiété en me demandant combien de temps encore je pourrai continuer comme ça. Je me rassure. Je me dis que je suis mieux ainsi, que j’ai appris à me contenter de peu et qu’au pire, il y aura toujours les prêts et bourses je n’aurai qu’à vendre quelques vêtements!