Étant une fille sans présence familiale masculine dans sa vie, j’ai réussi à combler ce « manque » en m’entourant de plusieurs amis garçons. Ça m’a toujours rassurée de savoir qu’ils étaient là pour moi et qu’ils pouvaient me protéger en cas de difficulté. Au fil des années, nous avons réussi à développer une dynamique fraternelle à laquelle je tiens mordicus.
Dernièrement, nous discutions autour d’une bière, et ils m’ont fait remarquer que j’étais une des seules personnes de la gang à être encore célibataire. Je leur ai dit en riant qu’un jour, j’allais être prête à m’investir dans une relation qui inclurait autre chose que Netflix, mes joggings ou ma bouteille de vin (les trois amours de ma vie). J’ai ajouté que j’avais quand même envie de vivre quelque chose de simple, de sain. Une relation avec un ami en qui j’aurais confiance, t'sais. Tout le contraire de ce que j’avais vécu auparavant!
Un des gars présents s’est mis à rire. Fort. J’étais semi-insultée. Il m’a dit : « Toi, ton problème, et la raison pour laquelle tu es encore célibataire, c’est parce que tu mets TOUS les gars que tu rencontres dans la friendzone. Et un coup qu’ils sont là, tu ne fais pas UN MOVE pour les en sortir. Bonne chance pour te développer une relation basée sur l’amitié. »
Silence. Malaise. Bruit de criquet.
Dans la vie, j’ai toujours une réponse, une réplique à tout. Mais là, j’étais bouche-bée. Je venais de comprendre qu’il avait raison. Ouch! J’abusais effectivement de la friendzone et je n’avais aucune espèce d’idée comment changer ça. Je me suis mise à paniquer et à réfléchir à la vitesse d’un hamster dans une miniroue.
M’impliquer émotionnellement dans une relation amoureuse, ce serait comme sauter dans le vide. Sans parachute. Je suis tellement habituée de vivre seule, de n'avoir de compte à rendre à personne et de prendre mes décisions sans faire de compromis que c’est difficile de m’imaginer vivre autre chose. Ce serait encore pire avec un ami proche, non? Il y aurait tellement plus à perdre qu’une routine de célibataire endurcie…
Je justifie mon comportement en disant que, pour moi, l’amitié est plus importante que les relations de couple. Quand je trouve un de mes amis soudainement cute, gentil, intéressant (genre en ce moment), j’enterre mes sentiments bien creux pour qu’ils disparaissent. J’ai même développé une technique infaillible pour y arriver : l’évitement #JeSuisUneMédailléeOlympique. Si je fais comme si je n’avais pas de sentiments envers lui, ils n’existent pas. Si je ne parle pas du « problème », il n’existe pas non plus. C’est facile : la friendzone me fait vivre dans le déni et m’empêche d’avoir peur.
Parce que, oui, J’AI LA CHIENNE. J’ai la chienne de dater mon ami. Que ce soit beau durant deux semaines, qu’après nous nous disions « Finalement, c’était mieux avant », et ne jamais pouvoir retourner en arrière.
J’ai la chienne de perdre tout ce qui faisait que nous étions « nous » : les rires, les confidences, les soirées sans jugement, les anecdotes dirty et les souvenirs que nous partageons. J’ai la chienne de me faire rejeter par une des personnes que j’apprécie le plus au monde.
Mais par-dessus tout, j’ai la chienne que ça marche. Que je sois vraiment heureuse. Qu’il fasse des plans de vie et que j’aie envie de m’imaginer dedans.
Je ne sais pas comment faire… Je suis figée, mais il faut que je bouge. Je ne peux pas faire du surplace toute ma vie. Et si je prenais le risque? Et si je disais « fuck you » à la friendzone?