Grande anxieuse que je suis, j’ai passé une bonne partie de mon adolescence à me demander comment être une bonne partenaire sexuelle; ce que je devais faire pour plaire à mon partenaire, si mon corps était assez beau pour être attirant, si je devais me raser ou pas, si ma vulve était normale, etc. C’est que la société dans laquelle on vit baigne dans les cultures du viol et de la performance puis, pour couronner le tout : le patriarcat.
On nous bombarde de publicités et d’articles qui nous donnent des « trucs » pour performer au lit, pour durer plus longtemps ou pour donner un max de plaisir à son ou sa partenaire. Ces mêmes publicités façonnent notre idée de ce que notre corps devrait être en nous vendant des rasoirs, des crèmes raffermissantes, de la lingerie, des chirurgies. Don’t get me wrong, que chacune fasse ce qui lui chante avec son corps, je ne dénonce que la pression qui est mise sur nous pour que l’on corresponde à un certain modèle.
Crédit : Rachel Cateyes/Weebly
L’adolescente en moi ne correspondait pas aux images dont j’étais bombardée, et mes premières relations sexuelles étaient axées sur la performance : maîtriser le plus de positions possible, faire des choses comme dans la porno, jouer à la « cochonne » et au viril. J’étais tellement mal là-dedans, mais je continuais parce qu’on m’avait appris à dire oui pour plaire aux hommes. Je pensais que le sexe, c’était ça.
J’ai commencé à lire beaucoup, à en discuter avec des amies, à m’informer et j’ai été confrontée à des situations qui m’ont poussée à remettre ma vision de la sexualité en question. J’ai appris que certaines personnes n’aiment pas les relations sexuelles, que d’autres aiment ça correct, qu’il y en a qui aiment beaucoup ça et que toutes ces réponses sont bonnes. J’ai appris qu’il y une multitude de préférences et de pratiques sexuelles, et que tant que nous sommes consentantes, elles peuvent être réalisées. Ce que j’ai surtout appris, c’est que la sexualité, c’est bien plus que le classique « préléminaires, pénis dans vagin, orgasme ». Je pense qu’il est primordial de déconstruire cette vision de la sexualité. La sexualité et la sensualité vont bien plus loin que ça.
D’abord, j’ai fait une liste des choses que je trouve intimes, sensuelles ou sexuelles et que je peux partager avec moi-même (oui, oui) ou avec mon ou ma partenaire. Je me suis rendu compte que je trouvais intime de danser avec quelqu’un, de partager un repas, de cuisiner ensemble, de faire des balades en auto en se tenant la main et d’écouter des émissions nue avec une autre personne, autant que j’aime les baisers et les caresses.
Pour certaines personnes, le rapport sexuel classique tel qu’on l’entend n’est pas nécessaire pis c’est ben correct comme ça. Je pense que la plus grande erreur serait d’assumer que ces personnes ne peuvent pas avoir d’intimité ou de sensualité. Ensuite, il est tout aussi important de déconstruire notre sexualité au lit. Je veux cesser de ressentir de la pression en lien avec ma performance, ma pilosité, le nombre de positions farfelues que je maîtrise, mes poignées d’amour, le nombre de partenaires que j’ai eu, mon expérience. Je veux que l'autre personne écoute mon corps, aime ma cellulite et mon petit ventre, et qu'elle soit heureuse de me donner du plaisir. Je veux pouvoir rire avec elle de mes gaffes, aimer ses défauts, lui faire plaisir et écouter son corps. Ce que je veux, c’est partager un moment privilégié avec l’autre personne, me rapprocher d’elle. La seule façon de le faire, c’est probablement en usant de deux concepts-clés : la communication et le consentement.
Ce que je retire de mes apprentissages, c’est que je n’ai personne à impressionner, personne à qui je devrais dire oui quand, à l’intérieur de moi, j’entends un non. Mon corps m’appartient et je suis la mieux placée pour savoir ce dont il a besoin et envie. Mes désirs ne devraient jamais être shamés, mes limites ne devraient jamais être dépassées et j’ai le droit de choisir ce qui m’empower. J’apprends un peu plus, chaque jour, à déconstruire cette vision toxique de la sexualité que l’on m’a transmise et, chaque jour, j’apprends à être un peu mieux avec moi-même.