Je n'ai jamais aimé être seule. Dans le sens que je ne sais pas comment faire, je n'ai jamais appris. Je suis née avec une sœur jumelle, aussi niaiseux que ça puisse sembler, je n'ai jamais conçu ma vie seule. Rapidement, quand j’ai « divorcé » de ma sœur il y a de cela six ans, j’étais quand même toujours avec mon chum. Puis, j’ai eu un enfant. Les rares fois qu’il passe une semaine chez sa grand-mère, je peux passer du temps seule, mais ce n'est jamais tant de temps que ça.
Puis, y’a Internet. Haha! Internet. C’est arrivé dans ma vie comme un souffle me permettant d’être toute seule sans jamais l’être. Ce n'est pas pour rien que j’aime autant les réseaux sociaux. Je n'ai techniquement pas besoin de sortir de ma maison pour avoir des conversations intéressantes. La MOFO, je ne connais plus depuis que je suis maman, grandement à cause de ça.
Puis, mon ami Sylvain se mariait en Toscane. Disons que l’été a été rock 'n' roll avec mon chum qui tournait un film de 5 h à 21 h chaque jour de la semaine. L’été a aussi été rock 'n' roll pour plein d’affaires : Carolane avec son bébé, les changements et les charges de job. Les projets, aussi. T’sais, ce n'est pas plus spécial qu’un autre. Je n'avais pas pris de vraies vacances depuis Noël. Trois jours par ci, ça ne compte pas quand tes journées ne finissent jamais et que ta semaine de travail est quelque chose de flou depuis six ans.
Crédit : Josiane Stratis
C‘était donc prévu que nous allions, mon chum et moi, en Toscane, voir notre ami Sylvain se marier et faire le party, puis visiter Rome. La vie étant ce qu’elle est, mon chum a eu un contrat de travail, et il pouvait juste partir pendant quatre jours. L’affaire, c’est que de mon côté, des vacances étaient obligatoires. C’était ma santé mentale qui était en jeu. Je devais décrocher de mes courriels. Fallait que je sorte du pays.
Fait que j’ai décidé de rester quatre jours de plus que mon chum. Quatre jours parce que ça me laissait quand même une fin de semaine pour décanter. Au début, j’étais fière de moi, mais en planifiant le tout, j’avais vraiment la trouille.
Mais t’sais, pour vrai, je pense qu’à 30 ans, j’avais besoin de me dire que j’étais capable de faire quelque chose toute seule. Vraiment toute seule. C’était quand même le fun pour vrai, mais vraiment stressant. Je ne connais pas Rome. Je n'ai jamais été toute seule.
C’est con, mais avec Internet, je ne me sentais pas toute seule. En fait, je n'étais pas toute seule. Bon, tout le monde ou presque faisait dodo pendant mon matin; vous étiez un peu endormis quand j’écrivais et je faisais le party dans mon Airbnb jusqu’à 3 h du matin parce que c’était là que mes amies étaient debout. Je n'étais pas toute seule. En fait, j’étais entourée de monde que je ne connaissais pas pis c’était ben correct.
Crédit : Josiane Stratis
À un moment, je n'avais vraiment plus de batterie. Pis, ma joie étant de compter mes pas sur mon Galaxy faisait en sorte que je n'ai vraiment pas eu de contact avec qui que ce soit pendant quelques heures. J’ai trouvé ça rafraîchissant. C’était même introspectif. Ça fait du bien.
Je me suis demandé pourquoi j’ai toujours attendu après tout le monde pour voyager, sachant que j’aime vraiment ça. Je me suis demandé pourquoi fallait toujours que tous mes voyages soient en grosse gang, aux USA ou whatever quand j’aime vraiment découvrir des nouvelles villes pis toute. Je ne dis pas que tous mes voyages se feront en solo maintenant, mais disons que j’ai confiance que si je veux partir, je peux le faire et que ce n'est pas grave de s’écouter. C’est même important.
Je tiens grandement à remercier Air Transat qui m’a généreusement donné les billets d’avion afin que je vive mon premier voyage en partie en solo.