« Mariiiiiiie, je suis enceinte! »
Après avoir entendu cette phrase de la bouche de ma meilleure amie, j’étais partagée entre deux émotions opposées : une joie surdimensionnée ET une peur instinctive. Une peur que j’étais incapable d’identifier au départ, mais qui m’est apparue plus claire au cours de la soirée.
En fait, j’étais terrifiée à l’idée de perdre ma place dans sa vie, de ne plus me reconnaître dans nos discussions, nos rires, nos soirées vino tinto. On m’avait souvent dit : « Tu vas voir, quand les bébés vont arriver, les amitiés changent… même que certaines disparaissent. Surtout si, toi, tu n’as pas encore d’enfant ». Ces paroles me hantaient. J’essayais de les ranger bien au fond de moi pour redevenir l’amie présente et encourageante que je voulais être, mais elles étaient toujours sur mon épaule comme un petit diable fatiguant.
J’ai ressenti ces émotions jusqu’à ce que ce petit garçon (bébé J) vienne au monde. Jusqu’à ce qu’il soit là, dans mes bras, bien vivant. Et là, je suis tombée en amour. C’est cliché, je sais, mais c’est réellement ce qui s’est passé.
Il y a quelques jours, j’ai lu le billet de Mylène Lavoie sur TPL Moms qui expliquait pourquoi elle était heureuse d’avoir des amis sans enfant. Ça m’avait beaucoup touchée. Eh bien, je le dis haut et fort, je suis une amie sans enfant et je suis tout aussi reconnaissante d’être entourée de mes amies mamans!
Attention! Je ne dis pas que je comprends tout ce qui se passe autour de moi. Des bébés, c’est un concept encore très abstrait dans ma tête. Ça demande beaucoup de compromis. Et laissez-moi vous dire qu’il y en a eu, du changement dans notre amitié depuis son arrivée!
- Mon cœur a pris de l’expansion;
- Mes valeurs sont devenues encore plus groundées et humaines;
- Je vois effectivement moins ma meilleure amie, mais quand ça arrive, ce sont des moments encore plus vrais, sincères : Je la vois avec une couette lousse sur la tête, du lait caillé sur le chemisier, de la vaisselle sur le comptoir, des jouets partout à terre, du café froid dans sa tasse préférée, et un petit gars qui pleure dans ses bras parce qu’il ne veut pas aller se coucher (ou parce qu’il est trop fatigué, ou parce qu’il a échappé son toutou, ou parce qu’elle a refusé de lui donner sa coupe de vin pleine, ou parce qu’il n’est pas content qu’on lui ait ôté son pyjama plein de vomi);
- Je redécouvre le monde à travers les yeux d’un enfant : Je m’émerveille devant un ourson en peluche, je lis une histoire en faisant la voix de chacun des personnages, je m’assois avec bébé J dans les structures de jeux trop petites et je bois le thé qu’il m’apporte à répétition (de l’eau de pataugeuse que je jette sur mon épaule avec mes skills de ninja pour pas qu’il ne le remarque);
- Je prends 10 000 photos chaque fois que je le vois parce que je le trouve trop beau
#HeartEyes; - Je participe aux fêtes d’enfants et je réussis à y prendre un peu plaisir (même si je fais une sieste en retournant à mon appart tranquille parce que c’est vraiment trop épuisant!);
- Quand on se fait un souper, il y a deux options : soit c’est la débauche et nous décompressons en masse (normalement chez moi), soit nous jasons, buvons un petit thé et je la regarde bâiller à partir de 9 h (normalement chez elle);
Finalement, ce qui a le plus changé, c’est que je me rends compte à quel point je suis reconnaissante de voir mon amie s’épanouir et apprendre à se redéfinir comme amie, femme et mère.
On m’avait souvent dit : « Tu vas voir, quand les bébés vont arriver, les amitiés changent… même que certaines disparaissent. Surtout si, toi, tu n’as pas encore d’enfant ». Eh bien, c’est vrai. Les amitiés changent; elles se transforment. La mienne a évolué et a pris une maturité dont je suis fière. Je ne suis plus seulement « Marie, la meilleure amie ». Je suis aussi la matante de bébé J, et ça, c’est le rôle d’une vie.