Ce n’est pas un secret, je souffre de dépression et d’un trouble d’anxiété généralisée. Mon entourage est au courant et j’en ai parlé ouvertement sur Ton petit look à quelques reprises. Ça fait que pour présenter les choses telles qu’elles sont : je suis une malade mentale.
Ouais… J’ignore si ça a été votre cas de votre côté de l’écran, mais je sens toujours une petite brume de malaise quand je me désigne par ces mots-là devant quelqu’un. Parfois, j’essaie une autre formulation, plus soft : je vis avec des maladies mentales. Là, juste là! L’avez-vous senti, ce petit frisson malin d’incertitude? Quand il s’estompe, ce sont les protestations bredouillées qui déboulent : « Oui, mais non, mais là, quand même, t'exagères, mais ok, sauf que t'es pas comme ça, c'est pas comme si t'étais genre bipolaire! »
Oh. Ce n’est pas comme si j’étais bipolaire? D’après mon expérience de l’imaginaire collectif, la bipolarité est la référence de choix pour illustrer « une vraie maladie mentale fucked up ». LA maladie mentale avec deux grands M pointus et épeurants, celle qui vient avec des crises, des médicaments et une intensité incompréhensible aux yeux des #Gens. À cela, je réponds : « Ok, mais même si je l’étais, bipolaire? ». Nouveau malaise.
Vite comme ça, j’ai l’air d’une vilaine-pas-fine qui aime créer consciemment des malaises. Je vous mentirais si je vous disais que ce n’est pas un peu le cas. Depuis quelque temps, j’ai dû me rendre à l’évidence que beaucoup de gens sont en fait des Dursley : très fiers d’affirmer qu’ils sont « parfaitement normaux » et malheureusement très rapides sur le piton pour juger ce qui est différent. Comme je suis bien placée pour comprendre que l’inconnu peut faire peur #AllôAnxiété, j’essaie de démystifier le monde obscur de la maladie mentale en en parlant un peu tout le temps autour de moi. Je n’ai pas la prétention d’être une sommité en la matière, mais je me dis que si je partage mon expérience de façon casual, ça contribuera peut-être à désamorcer tranquillement le malaise qui entoure la maladie mentale.
Fun fact : je vis avec la myopie et l’hypothyroïdie. Lorsque je le mentionne, ça ne fait pas sourciller grand monde. Au pire, je me fais demander ce que ça implique. Not so fun fact : quand je mentionne mes maladies mentales, je perçois souvent un léger grincement de dents. C’est peut-être parce que les mots « malade mental » sont plus souvent associés à quelque chose d’incroyable ou utilisés pour désigner un individu de façon péjorative. Au pire, je veux bien qu’on me désigne comme quelqu’un d’incroyable! Au mieux, j’aimerais qu’on se réapproprie le sens premier de ces mots.
Je vis avec un TAG et des épisodes de dépression; ce sont des maladies mentales. Et si je vous le dis, ne m’obstinez pas, de grâce! Écoutez-moi et posez des questions si vous le voulez! Pour vrai, je vais prendre le temps de vous répondre. Même si en parler, ça le rend vrai et ça fait crissement peur parfois. Parce que ça permet de l’accepter et d’avancer.
Je suis une malade mentale, je prends des antidépresseurs, j’ai parfois des fous rires qui durent trente minutes, je m’achète à l’occasion trop de maquillage et j’ai parfois les idées noires. Ça fait partie de qui je suis et je crois que c’est correct d’en parler. Non seulement c’est correct, mais c’est important. Surtout si ça permet à qui que ce soit de se sentir moins seul. Si ça encourage moindrement une personne à s’ouvrir et à écouter un proche qui vit avec la maladie mentale, ça vaudra toujours la peine d’en parler.
Dans mon cas, c’est la fabuleuse communauté de Ton petit look qui m’a donné le boost qui me manquait.