Ma collègue et amie Stéphanie vous avait présenté la pièce MA(G)MA plus tôt cette semaine, créée par la troupe Castel Blast. Mercredi soir, nous avons assisté à la première au théâtre l’Espace Libre que j'adore. Comme à mon habitude, je m’étais gardé toutes les surprises et n’avais pas fait beaucoup de recherche sur la pièce avant d’aller à la représentation.
Pour vous mettre en contexte, la pièce MA(G)MA met en scène une trentaine d’artistes de différentes disciplines : interprétation, danse, scénographie et musique numérique. Cette pièce est un mélange, une fusion, un point de rencontre entre la danse et le théâtre. Le thème exploité est l’enfant qui prend conscience du monde qui l’entoure et, du coup, de la violence de celui-ci.
Je dois avouer que je m’attendais à une pièce un peu plus classique que ce que j’ai vu (à mon plus grand bonheur). Je suis quelqu’un qui aime beaucoup le texte et les mots, et j’y accorde une grande importance dans mon cheminement artistique. MA(G)MA a pour texte que quelques bouts de narration, chose à laquelle je ne suis pas habituée, mais que j’ai grandement appréciée. J’ai pu faire tomber certaines barrières que j’avais face aux pièces corporelles. J’ai eu la preuve que les mots sont loin d’être nécessaires pour raconter une histoire, au contraire.
Une succession de tableaux plus intenses les uns que les autres m’ont complètement bouleversée. La technique, l’effet de masse, le corps, la proximité, la complexité de ceux-ci m’ont fait ravaler mes préjugés sur la danse. J’ai été impressionnée par l’harmonie et à la fois le chaos des interactions entre les comédiens et danseurs. Le corps était à l’honneur et magnifique.
Pour ce qui est du propos, la violence et la sexualité sont au premier plan. Le premier tableau fait partie des plus intenses et violents qu'il m’ait été donné de voir et, ce, sans qu’un mot ne soit prononcé. Un état, un regard, des mouvements saccadés et précis, une ambiance tendue doublée d’une trame sonore puissante m’ont donné des frissons. La sonorisation en ambisonie (reproduction d’environnement sonore) fait vraiment toute la différence.
Il n’y a pas de censure dans MA(G)MA. Le désir, la sensualité, le corps, le besoin et l’envie de l’autre y sont très explicitement démontrés avec précision et bon goût. Des tableaux d’ensemble magnifiques y font référence. Le public se retrouve dans la position de voyeur, un peu comme l’enfant de la pièce qui se promène entre les adultes et qui découvre un monde de pulsions et d’émotions.
MA(G)MA est une expérience en soi. Je suis plus qu’heureuse d’avoir eu la chance d’assister à cette pièce et d’avoir ouvert mes horizons sur une sorte de théâtre qui se taille une place de choix dans mes favoris.
Vous avez jusqu’au 10 septembre pour assister à la pièce. Pour les billets, c’est ici.