Obstination et fermeture d’esprit : lorsqu’une opinion devient une supposée vérité absolue!
Maude BergeronDu plus loin que je me souvienne, mon père et moi avons toujours eu des discussions enflammées sur plusieurs sujets variés. Avant, étant enfant, nos périodes d’obstinations étaient centrées sur des choses secondaires, comme le fameux moment où il tentait péniblement de me convaincre que je devais me brosser les dents avant d’aller dormir paisiblement. Au fil des années, ces petits détails peu importants n’étaient plus la source de nos conversations agitées, puisqu’en vieillissant, j’étais bel et bien capable de me gérer convenablement les dents, toute seule, comme une grande, c’est évident.
Par contre, plus le temps passait et plus j’apprenais à forger ma personnalité, à définir mes opinions et à m’ouvrir à de nouvelles sources d’informations qui n’étaient pas nécessairement familières pour mon père. Je crois avoir commencé à développer un esprit critique à l’adolescence, au même instant où je réalisais que mes parents ne détenaient pas la vérité absolue, puisqu’elle n’existait tout simplement pas. Cette période a créé en moi une volonté intense de confrontation dans l’immédiat, dans le but certain de remettre en cause tout ce qu’on m’avait appris et transmis comme étant une norme établie, une vérité à ne jamais remettre en doute.
C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à vouloir m'informer pour émettre publiquement mes opinions, plutôt que de tout garder pour moi, et ainsi établir des échanges avec la population. J’adorais déjà discuter, mais cette confiance que les connaissances diversifiées me donnaient grâce à cette ouverture me stimulait beaucoup. Depuis, j’éprouve un réel plaisir à découvrir les pensées et les avis des gens, provenant de milieux diversifiés ou semblables, et à confronter mes valeurs et mes idées avec eux, le tout effectué dans un rapport respectueux.
Par contre, j’ai réalisé rapidement que plusieurs personnes semblaient avoir une vision très différente de la mienne dans les conversations comprenant des opinions qui diffèrent des leurs. Pour eux, il ne s’agit peut-être pas de moments agréables à partager, mais plutôt d’obstination et d’entêtement qui les confrontent, voire les persécutent directement dans leurs vérités absolues personnelles.
J’ai saisi, en constatant les réactions instantanées témoignant d’une certaine fermeture, que ces personnes se sentaient attaquées par le fait que je ne pensais pas comme eux. Pourtant, tout ce que je souhaiterais, ce serait de réussir à entretenir une conversation sans que quelqu’un hausse le ton, avec des gens qui font preuve d’ouverture par rapport aux idées qui divergent de leurs propres pensées.
Comment peut-on évoluer et prendre de bonnes décisions si l’on croit toujours détenir une vérité qui n’existe pas, sans même connaître le portrait global d’un sujet?
C’est merveilleux d’avoir des opinions et de s’exprimer librement, mais c’est encore mieux d’être informé de toutes les possibilités, pour ensuite pouvoir simplement s’affirmer davantage avec conviction, pas seulement parce qu’on croit avec certitude avoir raison.
Peut-être qu’en étant plus ouverts aux autres et moins centrés sur soi, on pourrait globalement réduire ce sentiment de persécution ressenti lorsqu’on est confrontés à des opinions divergentes des nôtres. Imaginez à quel point ce serait enrichissant de pouvoir discuter sans présence de frustrations méprisantes et déplacées. Personne n’est obligé d’être d’accord avec tout le monde, mais faire preuve d’ouverture est, selon moi, une des plus belles qualités qu’un humain peut démontrer.