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Je choisis le déni

Claudine Gagnon
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Je choisis le déni
Crédit: Unsplash/Pixabay

Depuis plusieurs années déjà, je sais que quelque chose cloche et, pourtant, j’évite chaque année d’en parler à mon médecin. Je suis portée par une impulsivité et une rage qui me poussent à continuellement modifier mon mode de vie.

Je vis dans le futur. Je suis incapable de me concentrer sur une tâche. Même en voyage, je planifie le reste de ma journée plutôt que de profiter de l’endroit que je visite. Simplement écrire ces lignes me demande un effort surhumain alors que j’adore écrire. Vous lisez donc un texte entrecoupé de collations, d’un deuxième café et de petits tours sur Facebook ainsi que dans mes courriels (je prends d’ailleurs des marches dans mon corridor, pendant mon souper, parce que c’est un trop long moment assise, autrement). Ne me demandez surtout pas la fin d’un film, j’ai décroché au milieu!

Oui, j’ai bien réussi à l’école; j’ai cumulé des études dans quatre domaines! J’ai d’ailleurs aidé plusieurs jeunes en difficulté, dans les derniers mois, et je me suis reconnue en eux, lorsque je les sentais perdre l’attention au bout de quelques secondes. J’ai aussi de la difficulté à trouver un travail où je me sens à mon aise; je meurs à petit feu dans un cadre structuré. Même la gestion de projets, où tout bouge constamment et où aucun jour n’est pareil, manquait d’action pour moi. Puis, malgré tout ça, je choisis d’accepter et de vivre dans le déni, et je laisse mes émotions guider mes choix de vie.

Je garde ça pour moi parce qu’au fond, ça me donnerait quoi d'en parler? Mais, surtout, la vraie raison, c’est que j’ai peur. J’ai peur de perdre cette hypersensibilité qui est la mienne, ma créativité, ma fureur de vivre, ce besoin de me sentir plus que vivante, ces millions de projets que j’entreprends sans cesse. Parce qu’en en parlant, j’ai peur qu’on m’enlève qui je suis et de devenir amorphe.

Avec le temps, et surtout avec les thérapies, j’ai développé de nombreux trucs pour profiter du moment présent, pour m’en faire moins avec l’avenir et pour améliorer ma concentration. J’ai également trouvé un mode de vie et un travail qui conviennent à mon besoin d’impulsion et à mon urgence de vivre. En espérant que ça durera…

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