J’ai étrangement un souvenir précis de mon enfance quand, âgée de 6 ans, couchée sur un sofa dans ma maison à Repentigny, je regardais, sur une télé carrée, la visite du Pape Jean Paul II à Montréal. J’avais plein de questions pour ma mère, « c’est qui, ce monsieur-là ? », « pourquoi il représente Dieu? », et « pourquoi une colombe? ». Ma mère m’avait acheté le disque 45 tours de Céline qui chante ce magnifique hymne à l’Espoir, qui est resté dans nos cœurs et qui a fait le bond jusqu’au berceau de mon petit enfant, à qui j’aimais bien chanter cette douce chanson pour l’endormir…
Jusqu’à tout récemment, mon histoire d’amour avec Céline Dion s’arrêtait là. Il y a eu les craquantes imitations de Rock et Belles Oreilles avec Guy A. en collants qui me faisaient rire, mais ça s’arrêtait là. Je n’ai jamais compris toute cette histoire autour d’une voix. Sans dénigrer quoi que ce soit, on dirait que cette montée vers l’international était trop grande pour que je m’y intéresse. De toute manière, je n’ai jamais été soulevée par les chanteuses comme Maria Carey, un peu dans la même catégorie de divas.
Et puis, il y eu cette délicieuse scène de Mommy, où les trois personnages chantent « On ne change pas, on met juste les costumes des autres sur soi » en lip-sync, un moment crucial du film, un moment d’unicité qui fait respirer toute l’hystérie et que j’étais incapable de regarder – ou d’écouter – sans pleurer. Les paroles écrites par le Français Jean-Jacques Goldman sont si parfaites, révélatrices et interprétées magnifiquement par Céline.
Cette année, j’ai suivi un cours de chant. J’avais passé des auditions en 2010 mais, à cause de mon horaire irrégulier, je ne m’étais jamais inscrite. L'année dernière a été une année de découvertes extraordinaires à travers ma voix : connectée directement aux émotions, elle est révélatrice de notre état interne. Pour transmettre un message par le chant, il faut être à la fois connectée et au-dessus de ses émotions, et c’est un énorme défi. Des fois, quand je chante, je trouve le son tellement caressant et je m’approprie le texte à un tel point que, émue, ma gorge se serre et ça paraît instantanément dans ma voix. Quand on chante, on doit apprendre à s’abandonner, tout en laissant monter notre vérité profonde, sans que la vague nous fasse avaler de l’eau. Genre.
Le déclic s’est fait au début de cet été. J’ai réentendu la chanson Ma chambre composée par Jean-Pierre Ferland et Daniel Mercure et c’est devenu mon vers d’oreille : j’ai été envahie par cette mélodie. Mon petit la chantait même avec moi, tellement je la fredonnais partout et tout le temps : « toujours, toujours, toujours, la vie vient de la cour, toujours toujours toujours, le vent vient de mon amourrrrrr »! Cette jeune fille dans sa chambre d‘adolescente avec ses secrets d’amour, ses robes et ses souliers sur une toile de fond des années 90 me faisait rêver plus que jamais.
J’ai donc acheté, sur iTunes, l’album compilation On ne change pas (2005) et j’ai eu un réel coup de foudre, sacrément en retard, mais au meilleur moment pour moi. C’est maintenant que je la considère comme une diva, un peu comme le vin qui a mûri à travers son histoire, étalée sur maintenant plus de trente ans de ma vie depuis Une colombe. J’avais 25 ans quand j’ai découvert l’œuvre de Barbara et, aujourd’hui, je me délecte d’avoir encore des coups de foudre pour de grandes chanteuses comme Céline, car elles nourrissent nos rêves et, jusqu’à un certain point, notre spiritualité en nous offrant un accès à leur âme.
Et vous, avez-vous déjà eu un coup de cœur pour une chanson de Céline?