Je suis envieuse.
Je suis aussi très loin d'en être fière. En effet, jusqu'à tout récemment, je n'osais pas me qualifier ainsi. Dans la gamme des émotions c'est, à mes yeux, l'une des plus moches, des plus viles.
Cette étiquette que je m'appose m'est inconfortable, me fait honte.
Mon envie des autres survient lorsque je m'applique soigneusement à éviter de liker les publications qui me font rêver. Elle surgit lorsque je m'abstiens de complimenter une personne, sachant pertinemment que mon commentaire l'emplirait de joie.
Si, au départ, je devais consciencieusement appliquer ma mauvaise foi, elle m'est devenue naturelle, comme une seconde peau. Tellement que, maintenant, je dois réapprendre à exprimer, virtuellement ou pas, mon admiration pour autrui. Chacun des pouces en l'air et des compliments nécessite un effort, alors qu'auparavant, ils me brûlaient les lèvres pour être aussitôt ravalés.
Je constate aussi que, lorsque je suis insatisfaite de certains aspects de ma vie, cette facette de ma personnalité devient disproportionnée. Si une personne a le malheur de réussir là où je struggle un peu plus, je deviens verte et je m'empoisonne intérieureurement.
Je peux également ressentir de l'animosité envers cette personne qui, au final, ne le mérite vraiment pas.
Par contre, si tout va bien, les compliments se font moins rares et ma bienveillance refait surface. Soudainement, j'aime tout le monde et les succès des autres me font sourire.
Je sais très bien que ce sont mes insatisfactions et mon manque de confiance en moi qui sont les sources de ce sentiment, mais on dirait que c'est plus fort que moi.
Je suis avare, comme si donner de l'amour et des fleurs aux autres m'enlevait quelque chose personnellement, alors que rien n'est plus faux. Les forces des autres ne m'affaiblissent pas. Ce que l'on donne aux autres, on ne le perd jamais.
Je suis fatiguée de cette barrière qui me sépare des gens. Je me sens hypocrite aussi. Hypocrite de prendre la défense de la veuve et de l'orphelin, de revendiquer le droit au bonheur pour tous et de souffler des encouragements à tout-va, pour me sentir amère lorsque que le succès pleut sur les herbes voisines, toujours plus verdoyantes, alors que ma pelouse semble s'assècher à vue d'œil.
Se comparer, c'est chercher son propre malheur. La personne la plus heureuse du monde trouvera toujours quelqu'un de plus épanoui. Ce comportement m'est vain, inutile et terriblement épuisant.
La conscience et la lucidité heurtent peut-être, mais permettent aussi le changement. Il ne me reste qu'à lutter sans relâche contre cette mauvaise habitude tenace et à me battre pour briser mes réflexes. Un like à la fois.
Êtes-vous une personne envieuse? Avez-vous des trucs?