« Les maudits BS » ou pourquoi l’utilisation de cette expression doit cesser immédiatement!
Maude BergeronBS aka bien-être social. Cette fameuse expression est, encore aujourd’hui, utilisée à titre d’insulte ou de manière complètement péjorative par une quantité astronomique de personnes. La plupart ne semblent pas conscients du poids négatif qui pèse sur notre société lorsqu’on entretient un discours comprenant de tels mots et expressions. Ces deux lettres – B & S – sont tellement connues dans le paysage québécois qu’il est même très difficile pour plusieurs de comprendre que c’est vraiment déplacé et ridicule de les prononcer par-ci et par-là, inconsciemment ou non.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles je considère que c’est très mauvais pour la santé de notre société (et des humains; faudrait pas les oublier, ceux-là) d’utiliser cette expression.
Avant tout, il faut comprendre que les programmes d’aide et de solidarité sociale sont mis en place pour les gens qui nécessitent cette aide financière de dernier recours, quelles que soient leurs raisons. Arrêtons de juger collectivement ces personnes en leur apposant des étiquettes supplémentaires et en doutant de leurs besoins monétaires, s’il vous plaît.
Lorsque nous utilisons l’expression BS pour parler d’un kit de linge démodé, d’un quartier pas tellement rénové, de quelque chose de cheap ou d’absolument n’importe quoi, nous entretenons un discours qui perpétue des préjugés en plus de stigmatiser et d’isoler les prestataires de cette aide financière.
Utiliser cette expression, c’est un peu comme dire haut et fort que c’est vraiment honteux de bénéficier de cette aide sociale. Imaginez après à quel point ça devient difficile pour une personne d’effectuer une demande et d’en parler dans son entourage. Qui voudrait devenir la référence réelle d’une expression utilisée de manière aussi négative depuis des années? L’aide financière de dernier recours ne devrait tout simplement pas être une honte, une source de culpabilité ou un tabou. Jamais.
On ne peut pas savoir ce qui peut nous arriver dans la vie, et n’importe qui, peu importe son âge, son origine ou son niveau d’éducation pourrait, un jour, se retrouver à faire une demande d’aide financière. Pourquoi avons-nous besoin de nous distancer autant d’un groupe de personnes, au point de leur frapper sur la tête à coup d’expressions stupides pour les faire sentir comme des mardes de la société? Sûrement pour se rassurer collectivement en se disant inconsciemment que ça ne pourra jamais nous arriver, nous, humains privilégiés qui jugeons si facilement.
Comme tout le monde, oui, j’ai déjà dit des choses niaiseuses comme ça par le passé. Je l’avoue, mais avons-nous vraiment besoin de suivre ce fameux « tout l’monde » et répéter naïvement les mauvaises expressions encore et toujours parce que c’est commun? Je pense que nous devrions tous sortir notre tête du sable et arrêter de diminuer l’impact de nos paroles. Il faudrait peut-être commencer, une fois pour toutes, à évaluer la portée de ses mots pour enfin cesser d’utiliser un langage qui isole des groupes de personnes.
Ça fait déjà quelque temps que des termes comme « fif » ou « tapette » ne sont plus acceptés dans le discours populaire, alors pourquoi être autant dans le déni quant à l’utilisation d’une panoplie d’autres expressions variées qui, pourtant, sont autant dommageables pour les individus et pour la société?
S’il vous plaît, réfléchissons avant de parler.
P.-S. : Pour les têtes qui semblent enfouies bien profondément dans une grosse montagne de sable lourd, sortons les pelles. Si nécessaire, n’hésitez pas à déterrer la tête de vos proches pour leur faire voir un peu de lumière, aussi. T’sais, ça ne peut pas nuire, voir le soleil une fois de temps en temps (c’est une blague, j’me trouvais drôle).