Je me souviens encore de la première fois qu’on m’a dit « t’es tellement maternelle! ». J’ai directement tenté de me défendre de ces mots lancés comme une insulte par un de mes amis. Et pourtant.
J’ai rapidement compris que c’était mal vu par les gens de ma génération d’avoir un fort instinct maternel quand on est dans la petite vingtaine. Il semblerait qu’il FAUT voyager, faire la fête souvent, ne s’attacher à rien ni personne, mais surtout, se crisser de pas mal tout ce qui nous entoure.
Et pourtant.
Les noms, je les ai tous entendus. La matante ou la Germaine lorsque je m’inquiétais pour les autres et prodiguait des conseils. Les « Ark! » et les « Voyons, t’es-tu folle?! » lorsque je disais que j’étais prête à avoir des enfants. Les gars dans des dates qui se mettent à capoter lorsque je réponds oui à la question « veux-tu des enfants? ». Wô bonhomme! Pas tout de suite, et CLAIREMENT pas avec toi. Si la réponse te fait badtriper, pourquoi t’as posé la question?
Et pourtant.
On a tous une mère. On a tous besoin d’une mère. Alors, pourquoi dénigrer l’instinct maternel?
Dans mes groupes d’amis, j’ai toujours été la maman mature de la gang. La fille qui se soucie réellement des gens qu’elle côtoie, et qui s’assure sincèrement qu’ils soient bien et heureux. Celle qui pense à amener une trousse de premiers soins dans nos voyages de camping « juste au cas ». Qui amène de la bouffe à ses amis lors de leurs partys de fête parce qu’elle sait qu’ils auront faim à 3 h du matin. Pourquoi est-ce que je devrais avoir honte de ça?
J’ai toujours aimé les enfants. J’ai passé les treize dernières années de ma vie à travailler avec eux, alors non seulement je les adore, mais je me sens aussi relativement bien outillée pour en avoir. Je ne brusquerai jamais le processus uniquement pour pouvoir cocher ça de ma check-list de vie, par contre.
Mais surtout, vouloir des enfants ne fait pas de moi une personne moins ambitieuse pour autant. Je veux voyager, et je veux avoir une carrière qui me comblera. Je vais évidemment attendre le meilleur moment possible, mais s’il fallait que ça m’arrive bientôt, je serais quand même heureuse.
Dans ma perception des choses, je pense qu’on devient en partie adulte lorsqu’on est prêt à accepter la responsabilité d’une autre personne, lorsqu’on est prêt à s’intéresser davantage au bien-être d’une autre personne que le nôtre. Avec le temps, en vieillissant, et en côtoyant des gens plus âgés, j’ai appris à accepter mon côté maternel.
Alors à tous ceux et celles qui se retiennent de dire à leur nouvelle date Tinder leur rêve d’avoir trois minis; je vous souhaite de tomber sur un compagnon extraordinaire qui admirera le fait que plus rien n’existe autour de vous lorsque vous êtes avec des enfants. Et pour vos amis qui vous jugent, sont-ils vraiment de si bons amis que ça?