Trois ou quatre fois par an, quand j’étais petite, ma mère et moi montions à Montréal pour « faire la Catherine ». Que celles qui m’imaginent déjà victime d'un sombre réseau de prostitution se rassurent : quand je dis faire, ça signifie faire les boutiques.
Notre journée de magasinage mère-fille se déroulait pas mal toujours de la même façon :
- Commencer par le Centre Eaton mais « maximum deux heures parce qu’on n’aura pas le temps d’aller voir ailleurs sinon ».
- Faire un crochet chez La Baie parce que ma mère avait toujours quelque chose de boring à y acheter (« il y a un spécial sur les bas McGregor/les pantalons Dockers pour ton père! »).
- Sortir dehors et soudain « wow, c'est tellement grand/bruyant/le fun Montréal! ».
- Trouver les vendeuses donc ben wild au Château.
- Manger en vitesse un shish taouk extra navet mariné. Le comble de l'exotisme!
- Fouiner chez Urban Outfitters (« coudonc, le linge es-tu déjà usé ici? » – ma mère).
- Profiter du spécial cinq paires de bobettes pour 25 $ au Jacob (paix à son âme).
- Aller chez Bedo mais ne jamais rien acheter parce que anyway, on n’achète jamais rien chez Bedo.
- Gosser les mesdames des parfums chez Ogilvy pendant que ma mère achetait sa crème Estée Lauder.
- Ne pas montrer qu’on n'était impressionnées dans les boutiques fancy des Cours Mont-Royal.
- Aller chez Rudsak et entendre l’obligatoire « Ça sent donc bon le cuir! » de ma mère.
Je revenais à la maison les pieds en compote, les mains meurtries par les poignées de mes sacs mais aussi la tête pleine d’odeurs, de textures, de couleurs, de sensations nouvelles et d’extraordinaires possibilités. J’avais vécu une expérience, un moment magique, hors du quotidien de ma petite ville et, qui plus est, un instant privilégié avec ma petite mommy.
Aujourd’hui, même si ça nous arrive encore de temps en temps de courir ensemble les primes chez La Baie ou de se demander si des Toms, ça fait un gros mollet chez Little Burgundy, les occasions de magasinage mère-fille se font plus rares. J’ai moins de journées à y consacrer. Moins de pep dans le soulier pour magasiner 7 heures d’affilée. Et, je l’avoue, le thrill de descendre à la station McGill n’est vraiment plus le même quand on travaille juste à côté.
Magasinez-vous encore avec votre mère des fois? Avez-vous de beaux souvenirs de magasinage mère-fille dans la grande ville?