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Papa, j’ai souvent peur que tu meures
Crédit: Annie Nonyme

Mon père est obèse morbide. 

C’est ce que son médecin nous a dit en tout cas. Mais ce n’est pas ce que je me dis quand je vois son ventre dépasser de son chandail quand il s’étire. Ce n’est pas non plus ce que je retiens, quand je le vois sortir le deuxième sac de chips dans la même soirée. Ce n’est pas du tout ce que j’ai crié quand il m’a annoncé qu’il avait eu un diagnostic de diabète de type 2 au printemps dernier. Tout ce que je vois et que j’exprime, c’est mon désespoir, ma colère et la peur constante que mon père meure…

Sa prise de poids subite date d’un accident. À 48 ans, mon père a fait un ACV. Un jour, il s’est plaint d’une forte migraine et d’un mal de cœur. Il semblait étourdi, mais il m’a dit de ne pas m’en faire et d’aller voir mes amies. Quelques jours plus tard, le médecin nous a expliqué qu’un caillot avait éclaté dans son cerveau en millions de petites particules. Les séquelles étaient imprévisibles. Il risquait de perdre la mémoire à court terme, d'être paralysé, de perdre la vue et de mourir.  Avec le recul, je pense que c’est vraiment cet événement qui l’a poussé à arrêter de fumer. Fumeur depuis 30 ans, en arrêtant la cigarette, il a remporté sa plus grande victoire à ce jour. Optimiste, j’ai vraiment cru à l’époque, qu’il allait se prendre en main. Il s'en est sorti sans pratiquement aucune séquelle. 

Mais voilà. Au cours des années suivantes, mon père est passé de 170 lb à 252 lb. Le plus dur, c’est de lui faire comprendre la fine corrélation entre sa poutine extra bacon et mes craintes. Mon père a toujours pris la vie un jour à la fois. Pour l’éternelle anxieuse que je suis, chaque hot-dog nous rapproche d’un ACV, d’une crise cardiaque, de l’abandon. 

Aujourd’hui, en tant qu’adulte épanouie, je vole de mes propres ailes à 7 h de route des chez mes parents. J’essaye d’apprendre à laisser aller. J’essaye de le féliciter pour ses bons choix et de sortir de la critique. J’essaye également de lui faire des bons repas quand je rentre à la maison et de le conscientiser. Évidemment, il y a certains moments où la peur l’emporte sur la raison. Je ne suis pas la mère de mon père. Je suis sa fille. J’apprends à trouver l’équilibre entre le contrôle et le sentiment d’avoir fait de mon mieux pour prévenir le pire.
Aujourd’hui c'est la fête des Pères. Je veux profiter de chaque moment passé avec lui et savourer le fait qu’il soit là, dans l’instant présent.

 
Et vous? Êtes-vous préoccupé(e) par la santé d’un membre de votre entourage? 

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