Eh oui. J’ai fait ça. J’ai flanché. J’aurais aimé dire que je regrette ce que j’ai fait, que c’est inacceptable de tromper quelqu’un, peu importe le contexte. Oui, j’aurais dû le laisser avant, plutôt que de le trahir de cette façon. Mais, malgré tout, je ne regrette pas parce qu’en fait, avant de coucher avec un autre homme, je ne savais pas que je voulais quitter celui que j’appelais mon amoureux. C’est de passer à l’acte qui m’a vraiment fait réaliser à quel point mon couple n’allait plus bien et à quel point j’étais malheureuse. Je n’avais jamais été capable de me l’avouer, je ne l’avais jamais vraiment compris. J’ai vécu cet évènement comme une révélation nécessaire.
En gros, j’avais quitté le Québec pour explorer l’Amérique latine pendant un mois. Le soir où j’ai commis l’acte, je venais de passer la journée à penser à lui. J’avais si hâte de lui écrire pour lui raconter comment je m’étais sentie heureuse et épanouie lors de mon expédition en forêt et de ma baignade sous une chute. Jamais je n’aurais pu envisager la suite des évènements.
À mon arrivée dans un (des rares) café Internet, j’étais contente de constater qu’il était connecté. Nous allions pouvoir avoir une vraie conversation en simultané! Avant même que je puisse raconter quoi que ce soit, il m’a avertie qu’il devait partir, car il jouait à un jeu en ligne et son personnage risquait de mourir s’il se permettait d’être distrait. Puis, il s’est déconnecté, sans plus. Je me rappelle encore avoir eu le souffle coupé. À Montréal, il me le faisait souvent ce coup-là, mais cette fois-ci, c’était la goutte qui a fait déborder le vase.
J’ai payé pour les cinq minutes que j’avais utilisées, des larmes coulaient le long de mes joues malgré moi. Je suis rentrée à l’auberge où mes amis étaient en train de boire une bière. Je n’ai rien dit. Personne n’a remarqué quoi que ce soit lorsque je me suis assise parmi eux. Après quelques verres, l’un d’entre eux, appelons-le Maxime, a commencé à me cruiser. Il savait que j’avais un chum, mais disons que l’image qu’il s’était faite de lui n’était pas extraordinaire. T’sais, le chum qui ne m’a jamais suportée en presque un an de préparation de ce voyage, qui n’a participé à aucune de nos levées de fonds, qui n’a jamais voulu rencontrer les gens avec qui je partais vivre l’aventure d’une vie, ben Maxime le trouvait pas mal poche. Il avait raison. Quand il m’a demandé s’il pouvait dormir dans mon lit, j’ai hésité, mais pas très longtemps.
Cette nuit s’est transformée en un mois de pur bonheur. Nous avons développé une relation parfaite de voyage. Nous avions des conversations passionnantes sur nos impressions de la culture latino-américaine. Nous nous tenions la main et nous embrassions en public. Nous riions ensemble, etc.
En rentrant à Montréal, Maxime et moi nous nous sommes embrassés une dernière fois, à l’aéroport, avant de nous séparer pour faire face à la réalité. Je l’ai remercié. Pour vous dire! Je l’ai remercié de m’avoir ouvert les yeux à ce que pouvait être une relation où j’étais heureuse, où je me sentais importante. J’ai laissé mon chum deux jours plus tard, non sans difficulté.
Ce qui est intéressant, c’est qu’avec le recul, je suis convaincue que je n’aurais pas sauté au lit avec un autre si j’étais restée à Montréal. À l’étranger, on comprend parfois mieux les choses, car il existe une grande distance, une grande différence entre ce qui se vit en voyage et sa routine à la maison. C’est facile d’oublier ou de mettre de côté ce qui se passe « dans le vrai monde ». Pour ma part, j’étais complètement déconnectée. C’était il y a cinq ans. Depuis, l’accès à Internet, donc à Skype et à Facebook est devenu de plus en plus facile. Dorénavant, nous aurons toujours les réseaux sociaux pour nous rappeler qui nous attend à notre retour. Qu’en pensez-vous?