J’ai toujours été proche de mes amis. L’amitié est pour moi ce que sont les roues à une bicyclette, sans eux, ça ne roule pas. Mes amis sont mes roues. Ils et elles me permettent de me déplacer sur la route ardue de ma vie avec un peu plus d’aisance qu’à pied. Bon, c’est certain que se péter la gueule en vélo ça fait plus mal, mais ça vaut la peine.
En bicyclette, on découvre des places qu’on n’aurait jamais explorées à pied.
Ça commence à la garderie. Élisabeth avait les plus beaux cheveux du monde, je voulais être son amie. Une semaine plus tard, nos tartes à la bouette étaient les meilleures en ville.
Aujourd’hui, j’ai perdu contact avec Élisabeth, mais je garde d'elle de très beaux souvenirs bouetteux. Les amis de la garderie, c’est comme les p’tites roues, c’est ben rare qu’on les garde toute la vie ceux-là…
C’est au primaire que ça commence à devenir sérieux. Nous devions tisser des liens plus solides qu’une passion pour les tartes à la boue. Là, nous allions être entre les mêmes murs pendant sept ans.
Le premier jour, ce n’était pas facile. Plusieurs d’entre nous avons pleuré, crié, frappé et mordu, mais nous y sommes tous arrivés, tels de petits combattants. Moi, ce n’était pas en arrivant que j’ai eu le plus de la peine, c’est en sortant. Je vous l’ai dit, je carbure à l’amitié! Le primaire était donc pour moi le début d’un régime bonheur très efficace.
Lorsque je termine l’école, j’ai toujours le cœur gros. Je ne me souviens plus exactement du dernier jour de ma 6e année, mais je suis certaine que j’avais le motton. J’allais me séparer de plusieurs amis qui n’avaient pas choisi la même école secondaire que moi. Ça voulait dire la fin? Peut-être un peu. Mais Marie et Audrey me suivaient, ce qui me donnait la force de trouver ça le fun pareil, quitter la p’tite école.
Au secondaire, c’était la folie. Tous ces nouveaux visages! Wow. C’était exotique, y’en a qui habitaient à vingt minutes de chez moi. Toujours un peu scotchée à Marie pis Audrey, je voulais quand même en apprendre plus sur la vie en campagne de Justine et Keven. C’est comment Mont-Carmel? Les mouches sont-tu plus grosses? C’est comme ça que ça commence, la gang du secondaire. J’avais des amis partout. Mon p’tit carnet débordait de numéros et d’adresses msn (ne me faites pas croire que vous aviez un iPhone en 2007).
Cinq ans de gros fun, quand ça finit, le motton ne reste pas pogné, il sort en s’il vous plaît ! Non, mais mélangez l’alcool de l’après-bal avec les émotions de devoir quitter une si belle équipe de roues à bicycle, ça fait beaucoup de larmes!
Quand j’y repense, ce n’était pas si pire. Oui, j’ai perdu de vue la majorité de mes amis du secondaire, mais j’en ai quand même gardé plusieurs. Personne n’avait changé de ville pour poursuivre ses études postsecondaires, nous nous voyions quand même régulièrement et je me trouvais très chanceuse.
C’est l’Université qui change la game. Après le cégep, les p’tites roues de régions veulent rouler dans les grandes villes… Plusieurs amis sont partis vers Québec, Montréal, alouette, pis moi je restais ici.
J’ai réalisé que l’amitié, ce n’est pas une question de distance. Loin des yeux loin du cœur? Non! C’est non! Mes amis, que je les vois une fois par semaine ou une fois par an, ils sont dans mon cœur quand même. « Lysanne, t’es quétaine. » Je sais.
Je me donne le droit d’être quétaine parce que si je suis la personne que vous lisez aujourd’hui, c’est un peu grâce à eux. Ceux qui m’ont fait réfléchir à travers le rire, à travers les pleurs, ceux qui m’ont montré que je ne suis pas seule. J’ai des amis qui sont totalement différents de moi, mais c’est ce qui me permet de me remettre en question et de devenir l’adulte qui se cache dans ma tête encore jeune.
Avez-vous gardé contact avec vos amis du primaire? Êtes-vous aussi émue que moi quand l’école finit? La distance en amitié vous fait-elle peur?