La première fois que j’ai embarqué dans un Uber, j’ai été accueilli avec un gros « Hey! Ca va man? » Le chauffeur m’a ensuite proposé une bouteille d’eau, m’a demandé quel genre de musique je voulais écouter (Britney Spears évidemment) et il m’a donné une gomme en sortant parce que je lui avais dit que j’avais une date.
La dernière fois que j’ai pris un taxi, j’ai taché mes jeans à cause d’une substance étrange sur la banquette arrière, j’ai éternué tout le long du trajet à cause de la senteur extrême dans la voiture, j’ai été forcé d’entendre le chauffeur qui s’engueulait avec sa blonde au téléphone et je me suis fait chicaner parce que je payais avec des deux piasses.
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Même si tous les Uber ne sont pas parfaits et tous les taxis ne sont pas comme celui que je viens de décrire, ces deux expériences résument parfaitement la différence entre le service chez Uber et celui de l’industrie du taxi selon moi.
Malheureusement, l’histoire d’amour des Montréalais avec Uber prendra fin ce mois-ci, quand le projet de loi 100 du ministre des Transports Jacques Daoust entrera en vigueur.
L’adoption du projet de loi forcera le service de covoiturage à se plier aux mêmes règles que l’industrie du taxi (même si Uber n’est pas un service de taxi, selon la définition classique).
Contrairement aux chauffeurs de taxi, les chauffeurs Uber utilisent leurs propres véhicules, ils n’ont pas de licence à payer et la compagnie a des coûts très minimes d’inspection et d’assurance. Selon l’industrie du taxi, Uber est une forme de compétition illégale. C’est sûr que quand on a le monopole sur quelque chose depuis toujours, une jeune compagnie qui entre en compétition, ça doit faire chier.
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Philippe Couillard a dit « ce n’est pas au Québec de s’adapter à Uber, c’est à Uber de s’adapter au Québec. » Mais les Québécois dans tout ça? Nos politiciens ne sont-ils pas élus pour nous représenter? Si une chose est certaine dans toute cette histoire, c’est que les Montréalais (parce que Uber n’est pas disponible dans toute la province) adorent Uber! Du moins, les très nombreux qui l'utilisent…
Selon le projet de loi 100, les chauffeurs Uber devront avoir : un permis de conduire commercial de classe 4C, être soumis à une vérification de leurs antécédents judiciaires, une inspection de leurs véhicules, suivre des cours d’éthique et de déontologie, avoir une plaque d’immatriculation T, avoir une assurance commerciale et surtout un permis de taxi valide.
À Montréal, il y a seulement 4 522 permis de taxis disponibles. Le prix d’un de ces permis est évalué à 200 000 $. Ils sont achetés, vendus, échangés ou loués. Il y a même des institutions financières qui existent uniquement pour donner des prêts aux chauffeurs de taxi pour l’obtention d’un permis.
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La majorité des chauffeurs Uber participe au service à temps partiel, quelques heures par semaine, il n’est donc pas possible pour eux de payer un si gros montant pour un permis d’opération selon le directeur général d’Uber Québec.
La limite de permis de chaque ville est supposément instaurée pour faire en sorte que les chauffeurs aient la garantie d’avoir un certain revenu (puisqu’ils doivent payer une licence à 200 000 $ au départ). Mais plusieurs chauffeurs travaillent jusqu’à 70 heures par semaines pour arriver à récolter assez d’argent pour payer la location de leur permis et faire vivre leur famille!
On s’entend que le problème, c’est la restriction du nombre de permis, right? S’il y avait un nombre illimité de permis de taxis, ils ne coûteraient pas si cher, et les chauffeurs de taxi ne se sentiraient pas tant en danger face à la compétition d’Uber.
Éliminer la limite de permis de taxi et perdre les 900 millions qu’ils rapportent annuellement, ce serait un move politiquement très dangereux à faire, mais ultimement inévitable, je crois.
Ok le problème, c’est qu’en enlevant la limite de permis, les prix s’écrouleraient et tous les chauffeurs de taxis qui ont déjà acheté leur licence ne pourraient pas la revendre.
Mais si le ministre des Transports pense que forcer Uber à quitter Montréal est la solution et qu'il va empêcher d’autres compagnies d’essayer, il rêve en couleurs!
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À Ottawa, ville moderne et progressiste, ouverte aux nouvelles technologies, le gouvernement a trouvé des solutions plus raisonnées. Il a réduit les coûts des licences, ils ont aboli les régulations envers la grosseur des coffres, les vitres fumées et les frais d’utilisation de carte de crédit pour les taxis (qui s’élevaient à 1,50 $ pas transaction).
Bref, Ottawa a décidé d’écouter ses citoyens, chose que Denis Coderre ne semble pas faire. Il préfère protéger le modèle archaïque de l’industrie du taxi au lieu de chercher des solutions qui permettrait un compromis.
Les avantages d’Uber pour les consommateurs, au cas où vous n’auriez jamais bénéficié de ce service, sont : un prix généralement plus bas que le prix d’un taxi pour le même trajet, un temps d’attente moins long, une qualité de service largement supérieure (du fait d’être noté par les consommateurs), la possibilité de connaître facilement l'identité des chauffeurs ainsi que leurs contacts, et bien sûr l’élimination d’échange d’argent (vu que l’application est linkée à votre compte).
Le directeur général d’Uber Québec, Jean-Nicolas Guillemette propose au gouvernement du Québec d’établir une autre catégorie pour les compagnies de covoiturage différente de celle de l’industrie du taxi. Toute compagnie voulant prendre part à cette nouvelle industrie devra payer 100 000$ par année en frais d’administration au gouvernement, ainsi qu’une taxe de 0,35 $ par trajet, et une autre taxe de 0,07 $ au bénéfice de la SAAQ. L’industrie du taxi garderait l’exclusivité sur les appels de rues, les stands à taxis, les zones réservées et les contrats gouvernementaux.
Uber est prêt à charger un peu plus cher les trajets pour rester sur le marché et selon la compagnie, les consommateurs veulent des options aux taxis. Ces derniers sont tannés du monopole des taxis.
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Comme l’industrie de la musique et l’industrie hôtelière avant elle, l’industrie du taxi devra s’adapter aux changements, tôt ou tard. Contrairement à ce que les vieux politiciens poussiéreux pensent, on ne peut pas rester dans le passé quand les temps changent.
La disparition d’Uber à Montréal est vraiment une honte pour la ville. Ça donne un maudit beau message aux compagnies avant-gardistes qui essayent de changer les choses pour le mieux.
Entendre le maire Coderre dire « Bye bye Uber! » m’a vraiment donné envie de vomir. Je m’engage donc à ne plus jamais mettre un pied dans un taxi. Je préfère marcher jusque chez nous et mourir gelé sur le bord de l'autoroute à 3 heures du matin que d'encourager une industrie désuète et fermer les yeux sur les actes de violence commis par les taxis contre Uber.
#JAMAISTAXI, un mouvement est né.
Lecture additionnelle pour ceux qui pensent qu’Uber fait de l’évasion fiscale illégale.