L’année pendant laquelle le sang n’a jamais coulé

Après un peu plus d’un an à ne pas être menstruée,  j’en suis venue à la conclusion que j’m’ennuyais de ma relation mensuelle qui durait depuis 12 ans.

Avant de poursuivre, j’aimerais clarifier que non, je ne suis pas ménopausée, ni enceinte, ni atteinte d’une maladie interne anti coulage de sang vaginal. J’avais simplement un stérilet dans mon système reproducteur.

Bref, depuis quelque temps, plus rien coulait et j’en ressentais les conséquences directes, me demandant constamment si y’avait juste moi qui aimait presque ça être patchée. Pas que j’tripe sur le fait d’expulser un liquide rouge écarlate 84 jours par année, non. Plutôt parce que j’me sentais moins instable et frue tout le temps lorsque la chute prenait son temps pour teinter mes bobettes confos pourtant déjà tachées depuis fucking longtemps.

J’en suis venue à me dire que c’était quasiment l’fun d’être menstruée, seulement parce que le sentiment que je ressentais après était semblable à une délivrance merveilleuse et divine qui me donnait l’impression d’avoir expulsé mes démons ensanglantés qui m’avaient fait chier pendant sept jours.

7 jours pendant lesquels j’avais presque envie de mourir entre deux pots de beurre de pine ingérés par grosses cuillerées.

7 jours pendant lesquels j’alternais entre les cris et les pleurs sans jamais trouver de stabilité.

7 jours pendant lesquels mes organes semblaient être sur la MD pis l’mush en train d’halluciner une guerre à mener contre eux-mêmes pour l’éternité.

7 jours pendant lesquels mes seins souhaitaient clairement me permettre de m’envoler jusqu’aux nuages pour rencontrer les anges et les divinités qui mangent des Ferreros Rochers.

7 jours pendant lesquels ma tête pensait qu’elle avait le droit d’entrer dans sa phase migraineuse à longueur de journée sans me prévenir qu’elle avait décidé de me quitter pour des vacances un peu méritées.

Ça fait que pendant que je n’étais plus une fille menstrue, ces sept jours sont devenus plus comme 19 jours éparpillés dans le mois et je me sentais toute déréglée. J’avais perdu mes points de repère qui me permettaient de me rassurer en me disant : « Courage Maude, tu vas bientôt full couler du vagin pis tous tes problèmes vont s’en aller! ». #PenséesMagiques

Pendant mon année sans menstruations, j’me suis engagée dans une relation avec elle sans même m’en rendre compte. T’sais le genre de relation qui passe de « On chill ensemble quelques fois par mois » à « On s’marie pis on a 17 enfants ». Je n’ai jamais voulu 17 enfants, moi. Où sont les papiers de mariage? Je ne me souviens vraiment pas de les avoir signés à l’hôpital quand on m’a inséré Monsieur le stérilet.

Je m’ennuyais de ma relation avec mes menstruations qui était full prévisible et planifiée, constante et routinière. Ok, elle était vraiment désagréable puisque je souffre d’un trouble dysphorique prémenstruel, mais je me rends compte que j’étais pas mal attachée à cette constance et qu’on ne peut pas nous séparer aussi facilement que ça. J’espérais secrètement tous les jours depuis un an qu’elles reviennent et qu’un beau matin, je me réveille dans une belle grosse flaque de sang.

Il y a quelques jours, en baissant mes p’tites culottes pour effectuer mon pipi matinal, j’ai aperçu une petite tache rouge, grosse comme un petit pois, fièrement séchée sur le fond de mon sous-vêtement. Je suis restée figée pendant quelques minutes et j’ai compris que la délivrance venait d’arriver. Il faut dire qu’il y a un mois, j’ai divorcé de Monsieur le stérilet. Il n'était vraiment pas sympa avec moi et les sombres côtés de sa personnalité se sont révélés au grand jour très rapidement. Il m’a même donné des migraines, des problèmes d’humeurs et de sales déprimes, le p’tit maudit.

Depuis, cette petite tache de sang séchée s’est transformée en Chute Montmorency-Niagara-Virginia, etc. Je trouve ça câlissement soulageant.

Tout de même, j’ai presque hâte de la revoir périodiquement pour enfin retrouver cette routine qui me permettait de comprendre mieux mon cycle hormonal défaillant. J'me sens tellement mieux depuis que j’ai complètement sorti Monsieur le stérilet de ma vie, personnellement. Il ne reste maintenant que mes menstrues pis moi, c'est une difficile relation amour-haine que j'essaie d'apprivoiser tranquillement. 

Et vous, comment se déroule votre relation avec vos menstruations?