J'ai perdu ma virginité sur le tard, pour plusieurs raisons. Il m'a fallu du temps pour trouver LE BON. Du temps avant que LE BON MOMENT pointe le bout de son nez. Du temps avant que je ne sois à l'aise avec mon dedans et mon dehors, que mon cœur et mon corps soient en presque parfaite harmonie.
C'est aussi parce que j'ai grandi avec l'idée que perdre sa virginité était une grande étape dans son cheminement de femme. Que mon hymen était sacré. Que mon corps était un temple et qu'il n'appartenait qu'à moi.
L’hymen, dans ma culture, revêt une aura presque mythique. Nous le cachons. Nous en parlons peu. Nous le protégeons. Et une fois brisé nous le célébrons, tache de sang sur le drap compris. Évidemment, cette pratique n'est plus aussi courante et les mentalités ont bien évolué. Par contre, l'hymen a toujours ce petit pouvoir. Celui de définir la femme. Son statut. L'hymen est, à ses heures, un instrument politique, un outil de contrôle, un moyen de pression, de revendication. Certaines s'y accrochent comme à une bouée, d'autres n'attendent que de le percer. Et il y a toutes les autres au milieu. Celles dont on parle peu. Celles comme moi.
Dans ma petite jeunesse, on m'a dit bien des choses sur le sexe, sur le comment du pourquoi et sur le reste. Le sujet n'était pas tabou. Il y avait cette petite gêne dans les airs et j'avoue que je gardais certaines questions pour moi. Par pudeur. Sauf que nous en parlions, mais jamais longtemps, jamais en détail. Pour moi, ma culture a pesé beaucoup dans la balance lorsqu'il a été question de mon intimité. Est-ce que je regrette d'avoir attendu aussi longtemps? Non, pas une seconde.
À l'adolescence je n'avais pas l'intelligence émotionnelle pour gérer l'avant et l'après de l'acte. Je n'étais pas prête dans mon coco. Il a fallu que je passe le cap de la vingtaine avant de ressentir ce petit « go » intérieur. Et encore là, j'ai été naïve de croire que j'avais tous les outils en main pour gérer l'après. Cet hymen que l'on m'a conjuré de garder intact, de chérir et de protéger était devenu ma plus grande fierté, mais aussi ma plus grande peur. Qu'est-ce qui se passe après? Qu’est-ce que je deviens? Qui suis-je?
À ma grande surprise, je ne ressentais que du vide. Un grand vide. Profond. Qui a disparu au fil des jours qui ont suivis.
Mon seul regret, aussi minime soit-il, c'est de lui avoir accordé autant d'importance. Je ne suis pas qu'un hymen. Je suis beaucoup plus ça. Mon intimité n'est pas qu'une simple membrane. Elle se love et se nourrit dans les sourires de l'autre, les regards, le touché, le cœur et l'âme.
Comment a été votre première fois?