J'ai douze ans, c'est ma fête. Autour de moi, on commence à me considérer de plus en plus comme une ado, comme quelqu'un d'un brin plus réfléchie que l'enfant que j'étais l'année d'avant. J'ai douze ans. Dans l'une de mes cartes de fête on me souhaite de la joie, plein de chance pour cette nouvelle année – et pourquoi pas un p'tit tchum pour agrémenter le tout.
C'est là qu'a commencé ce périple, cette dualité entre la recherche de l'amour pis moi. On me le souhaitait, je devais donc le trouver, l'enjoyer et puis, ainsi, rendre les gens autour de moi contents. L'amour on me le présentait comme un accomplissement de vie; moi, je le recevais comme une pression sociale de plus, celle de transformer mon « moi » en « nous ».
J'ai grandi, je suis restée la fille gênée, le sidekick qui suit sa meilleure amie – qui, elle, pogne avec les gars. Puis la pression de se fondre dans la masse, de faire pareil, a frappé. Pour accompagner le tout, il y avait les amies qui essayaient de me matcher. Dans les party, s'il m’adonnait de trouver un gars un peu cute, il fallait que je pousse plus loin, que je me déniaise, que je le provoque, ledit love. Sinon, on essayait de le provoquer pour moi : y avait de la mise en scène dans ma potentielle vie amoureuse.
Aussi futile – et rempli de bonnes intentions – que cela puisse paraître, souhaiter à quelqu'un de trouver l'amour à tout prix peut se transformer en idée. Une idée qui s'incruste dans la tête, si profondément qu'on en vient à la considérer comme un absolu. #Inception Que des mains qui se frôlent et des yeux remplis de miel, c'est la véritable définition du bonheur, pis qu'autrement on passe à côté de quelque chose de grand.
Parce qu'à force de se le faire souhaiter, le grand A de l'amour, on finit par ne chercher que ce feeling qu'on a en dedans quand la peau se touche, sans faire attention à ce qui a au-delà du cœur qui bat fort pis des lèvres qui se pressent. Et là, pas besoin d'un dessin pour dire qu'on peut prendre une maudite grosse débarque.
Tout ça pour dire, laissons donc les gens pas « déniaisés » se déniaiser tout seuls – quand ils le voudront et avec qui ils le voudront. Le cerveau humain est en masse capable de se mettre de la pression tout seul, alors ça sert à rien d'ajouter une couche de plus en souhaitant à tout bout de champ de trouver l'âme sœur. Mettre l'amour sur le piédestal du bonheur, au fond, ça sert à rien.
Pour ma part, end up que j'ai eu mon premier p'tit tchum à 21 ans et j'en suis bien contente. Après tout, c'est pas une question d'âge, mais de complicité avec l'autre « tendre moitié ».