Jimmy était mon collègue, mais surtout mon confident et mon meilleur ami. C'était à lui que je pouvais raconter mes histoires avec mon copain, jamais il ne me jugeait et il me donnait une opinion mâle de chaque situation. Comme nous étions très proches, lorsque j'ai annoncé à mon copain que je le quittais, c'est à Jimmy que j'ai téléphoné, un peu paniquée, pour tout lui raconter.
De fil en aiguille, Jimmy et moi nous sommes rapprochés physiquement. J'avais confiance, la situation ne serait pas problématique, nous étions tous les deux des adultes matures capables de communiquer. Nous avons même abordé le sujet avant d'aller de l'avant. Pourtant, les quelques mois qui ont suivi ont été une série de montagnes russes pour notre relation. Nous jonglions entre les déclarations d'amour enflammées et les bâtons dans les roues que nous nous mettions constamment. Après un temps, Jimmy et moi avons conclu que nous n'étions pas faits pour être ensemble, nous étions trop différents.
À partir de nos premières disputes, j'ai eu beaucoup de mal à maintenir mes émotions au bureau. Je le voyais sans cesse, j'étais consciente, malgré moi, de ses faits et gestes, de ses dîners avec d'autres filles, de ses heures de départ et d'arrivée et de ses planifications de soirées entre amis. Je l'entendais raconter sa fin de semaine tous les lundis. Il m'arrivait, le soir en rentrant à la maison, de m'écrouler seule au sol en larmes en lui criant de partir, de sortir de ma vie. C'est probablement à ce moment-là que j'ai réalisé dans quoi je m'étais embarquée. Par contre, au bureau, je gérais assez bien la situation jusque-là. D'habitude, quand une relation devient malsaine (comme la nôtre l'était parce que chacun jouait au yo-yo avec les sentiments de l'autre), j'ai le réflexe de couper les ponts poliment. Dans ce cas, c'était impossible.
Nous nous sommes éloignés jusqu'à couper les ponts complètement après un différend assez brutal. C'est à partir de ce moment que les choses se sont vraiment détériorées. Le climat est devenu ultra tendu. Lorsque nos regards se croisaient malgré nous, nous pouvions sentir la tension dans l'air. Petit à petit, au cours des mois, la tension s'est dissipée. Nous avons graduellement recommencé à nous mêler aux conversations de l'autre.
Puis, la situation a évolué lorsque j'ai commencé à fréquenter d'autres hommes. J'avais le sentiment constant qu'il était encore dans ma vie, que ce n'était pas réglé. Je voulais avoir un passé réglé, mais il était là, devant moi, et mes sentiments ne disparaissaient pas. Je n'étais pas capable de passer à autre chose. J'en suis venue à détester mon emploi que je ne chérissais déjà pas à la base. Une journée, j'ai pété les plombs, littéralement. Je n'en suis pas particulièrement fière, mais le voir devant moi, constamment, me rendait folle. Je me suis mise à l'insulter en plein travail. J'ai quitté le bureau et j'ai continué à le texter pour lui rappeler toutes les erreurs qu'il avait faites lorsque nous étions ensemble alors que c'était de l'histoire ancienne.
Je suis rentrée chez moi directement et j'ai éclaté. Le lendemain matin, je remettais ma lettre de démission à mon patron. D'autres circonstances faisaient en sorte que j'étais malheureuse au bureau, mais cette situation était devenue insoutenable pour moi. Je devais partir pour passer à autre chose.
Il s'est passé un an pratiquement jour pour jour entre ma rupture avec mon ex-copain et la date de ma démission. J'ai donné 1 mois et demi de préavis à mon patron, pour me remettre sur pieds avant un nouveau départ. Au terme de ma réflexion, j'ai choisi d'amorcer une réorientation professionnelle et de tourner la page sur ma carrière. Je ne regrette rien de ma décision, j'ai appris de la situation et plus jamais je ne laisserai mes relations interpersonnelles se mêler à ma situation professionnelle. C'est une promesse que je me fais!