Le titre de cet article est volontairement provocant, simplement pour véhiculer mon propos. Vous pouvez absolument devenir féministe au courant de votre vie. J’espère que toute personne lisant ces lignes deviendra un jour fièrement féministe — ou l’est déjà.
Bref, voici mon propos : je suis née féministe. Les luttes entre les genres et les sexes me fascinent — voire m’obsèdent — depuis toujours. Vous ne me croyez pas? Flash-back.
J’ai 5 ans. Je suis au service de garde. On joue à la chaise musicale. Je suis une des finalistes avec un autre garçon… appelons-le Sébastien. Sébastien et moi, nous tournons autour de la dernière chaise au rythme d’une chanson de Carmen Campagne. Puis, dans la foule en délire qui nous encourage, un garçon dont je tairai le nom Étienne hurle : « Awèye Sébastien! Tu peux la battre! C’est une fille! »
Soudainement, la musique arrête et, hélas, je ne parviens pas à me hisser la première sur le trône de la chaise musicale. Sébastien m’a battue parce que je suis une fille. Dans la cuisante humiliation de ma défaite, je me retourne vers Étienne et je me mets à l’engueuler comme du poisson pourri : « Pardon? Pour qui te prends-tu, toé? Qu’est-ce que ça change que je sois une fille? Tu penses qu’une fille ne peut pas tourner autour d’une chaise comme n’importe quel garçon? Hein? Wanna fight? »
Mes parents arrivent au service de garde sur les entrefaites. Ils me voient me batailler avec Étienne, y allant presque jusqu’aux coups pour une histoire de chaise musicale. Ils ont su : j’en aurai dans le ventre. Fin de l’anecdote.
Tout ça pour dire que je suis fascinée par les enjeux féministes depuis que j’ai 5 ans. J’écoute un film ou une série, je lis un livre : je me demande comment les femmes sont représentées, quel est leur traitement esthétique, quelle est la portée de leur discours. J’allume la radio et j’analyse comment les femmes parlent, comment on donne la parole aux invitées, aux animatrices, aux chroniqueuses. J’étudie mon vocabulaire, mon comportement, mes idées préconçues afin de les changer, de les améliorer. Je suis OBSÉDÉE.
Il y en a qui diront que les féministes réfléchissent trop, qu'elles se victimisent, qu’elles exagèrent, qu’elles sont des vaches enragées (pas capable de tirer ma vache). Personnellement, je me pose dans la posture inverse : je ne comprends pas comment les non-féministes peuvent ne pas réfléchir davantage aux enjeux des genres. Ceux qui me traitent de « féministe radicale », pour ne pas dire de « féministe de marde » ou de « féminazi », souffrent selon moi de paresse intellectuelle. Ils préfèrent s’accommoder d’une société imparfaite, qui les favorise inévitablement, avec apathie, nonchalance et un criss d’égoïsme. Parce que vous ne voulez pas changer la société, je dois me taire, arrêter de penser et de m’exprimer? Oh well.
Crédit : Geeks and Freaks/My Favorite F Word Is Feminism
C’est pourquoi je m’efforce aussi de m’intéresser à différents enjeux tous les jours. L’intersectionnalité, l’appropriation culturelle, l’homophobie, la diversité corporelle, l’économie, la politique… Ma plus grande ambition est de devenir une citoyenne complète, instruite, sensible aux autres. Je m’approche de mon objectif, un peu chaque jour, grâce à TPL entre autres.
Je ne comprends pas les gens qui sont satisfaits d'eux-mêmes et qui restent dans leur grande noirceur des commentaires anonymes et insultants en bas d’articles de blogue… J’ai un peu honte pour eux.
Et vous, quels sont les sujets d’actualité qui vous obsèdent?