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Breaking news : je suis une femme et pas un objet. Pourtant, j’entends presque tous les jours des expressions, dites par des hommes et des femmes, qui objectifient ou encore réduisent le statut des femmes. Alors voici les expressions sexistes que j’ai bannies de mon vocabulaire.
T’es-tu en SPM coudon’?!
Ça, c’est l’expression que tout le monde (gars comme filles) dit aux femmes qui « vivent des émotions ». Il est vrai que certaines femmes vivent des troubles dysphoriques prémenstruels très désagréables. Mais sachez qu’elles peuvent être en colère, avoir de la peine, être irritables ou d’humeur changeante même hors de la sacro-sainte semaine des menstruations. Ah bon? Tout le monde — homme, femme, transgenre, gender fluid, name it — peuvent vivre des émotions intenses et sérieuses sans que ce ne soit lié à leurs hormones. Je sais, c’est incroyable (not). Ce serait cool d'arrêter de réduire les femmes à leur matrice reproductrice.
Hier soir, j’ai scoré.
Que les gens soient amateurs de sport, je veux bien. Mais saviez-vous qu’une femme, épanouie et consentante, n’est pas un but de hockey? C’est incroyable (not) prise 2. Un gars qui dit scorer compare le précieux vagin de sa partenaire à un vulgaire filet : un objet passif et inerte. Il faut déjouer le gardien pour réussir à envoyer la rondelle dans le but. C’est comme si une femme ne faisait que « concéder sa défaite » à un homme lorsqu’elle accepte d’avoir des relations sexuelles. On arrache un « oui » comme on arrache une victoire.
On a fourré.
J’entends déjà les levées de boucliers : « J’utilise le mot fourrer pour le distinguer de faire l’amour, parce que dans notre société où les femmes ont acquis (avec raison) une liberté sexuelle, elles ne sont pas obligées de coucher avec des gars seulement lorsqu’elles sont amoureuses… » Je suis bien d’accord sur ce fait. Mais savez-vous ce que ça veut dire vraiment, « fourrer »? En cuisine, ça veut dire « garnir l’intérieur », comme un gâteau fourré au chocolat. Quand un gars dit : « J’ai fourré Une telle », il la compare encore à un objet passif (un trou) alors qu’il est le sujet actif (celui qui remplit le trou). Il y en a trop des expressions comme ça pour décrire les relations sexuelles : piner, bourrer, se farcir, s’enfiler… Pourquoi ne pas plutôt dire « baiser » ou « coucher avec », hein? Pensez-y.
Cet examen m’a raped.
Certaines personnes utilisent cette expression pour dire qu’ils ont éprouvé beaucoup de difficultés dans un examen. Ou encore, quelqu’un peut dire « cette réponse t’a raped » quand l’argumentaire féroce d’un adversaire a cloué le bec de quelqu’un. Par contre, l’utilisation hors propos du mot rape (qui signifie « viol » ou « violer » en français) banalise les agressions sexuelles. Ça met sur le même pied d’égalité un examen difficile et un crime sexuel. Ça banalise aussi la souffrance des victimes qui ont bel et bien été agressées; parce qu’on s’entend, on ne se remet pas de la même façon d’un viol que d’un débat perdu… Dire « on s’est fait raped à la job aujourd’hui pendant le rush du dîner » ou encore « notre équipe s’est fait raped au tournoi en fin de semaine », c’est participer à la culture du viol. Et c’est inacceptable.
Y’aurait-tu moyen de lui transplanter une paire de couilles, à elle?
Ici, je triche un peu : c’est une citation exacte de l’animateur de radio Sylvain Bouchard à l’endroit de Lise Thériault. Mais je suis sûre que vous avez déjà entendu ce genre d’expression : « avoir des couilles » signifie avoir du courage, faire preuve d’audace, faire taire ses émotions. Donc, à l’inverse, une femme, qui ne possède pas de testicules, est nécessairement peureuse, lâche et pleurnicheuse. Oh well. A-t-il déjà entendu parler de Malala Yousafzai, ce Sylvain Bouchard-là?
Crédit : Rosemarie Savignac
Le féminisme est un concept très large et flexible : vous pouvez très bien utiliser ces expressions de façon consciente et ironique ou encore vous pouvez n’être pas du tout d’accord avec l’appellation « sexiste » que je leur donne. Ben, venez nous en jaser. Parce que c’est ça aussi, le féminisme : c’est échanger et partager des points de vue, c’est apprendre, c’est grandir. Ce n’est surtout pas dire aux femmes quoi ne pas dire, quoi ne pas faire sans leur donner le droit à leur opinion.
Quelles sont les expressions sexistes dont vous n’êtes plus capables?
