En médecine vétérinaire, nous avons notre propre version de l’expression « cordonnier mal chaussé. » Elle est souvent accompagnée d’un haussement d’épaules et d’un demi-sourire résigné, surtout quand il est question de nos propres animaux. Je l’utilise souvent pour parler de ma chienne : Peluche, c’est un chien de tech. Pour les autres, ça peut avoir l’air anodin. Oui, je suis technicienne en santé animale, donc logiquement, c’est certain que mon chien est un « chien de tech ». En gros, ça veut dire que Peluche a une quantité industrielle plusieurs problèmes de santé. Oui, je sais que c’est ironique.
Même si elle n’a pas encore quatre ans et qu’elle a toujours l’air d’un puppy, elle doit recevoir quotidiennement de la médication et de la nourriture spécialisée. #NoBigDeal Ça fait partie de la routine et après tout, qui de mieux qu’une TSA pour prendre soin d’un animal avec des besoins un peu spéciaux? Sauf qu’en plus de tout ça, Peluche s’est récemment fait diagnostiquer un trouble d’anxiété généralisé sévère. Oui, ça existe chez les chiens aussi.
Je ne suis pas fière de l’admettre, mais j’ai mis beaucoup trop de temps avant de le réaliser. Ou plutôt, avant d’accepter de voir la situation pour ce qu’elle est : un problème de santé majoritairement génétique. Je me renfrognais à la simple idée d’envisager donner des antidépresseurs à mon chien. Je le voyais comme un patch sur un bobo, un échec dans ma job de maman chien. J’avais tort.
Mes collègues et ma vétérinaire m’ont aidée à me remettre les idées en place. Ça me brisait le cœur de voir la détresse de mon chien et ça m’a fait l’effet d’une claque quand j’ai réalisé que je pouvais améliorer son bien-être, mais que je boquais à l’idée de le faire. Nous avons donc fait un petit voyage en voiture jusqu’à St-Hyacinthe pour consulter une vét spécialiste en comportement. Je vous épargne les détails, mais depuis 2 mois, nous avons ajouté de la médication et des exercices de thérapie comportementale à notre routine. La situation s’améliore, tranquillement pas vite. La semaine dernière, j’ai cloué une étagère au mur sans qu’elle capote et qu’elle essaye de manger le marteau. Yes sir! À la fin, nous nous sommes tapés dans la patte. C’est notre truc pour nous encourager.
L’anxiété de Peluche, ça a un peu déboussolé le reste de ma famille. L’inconnu, ce n’est jamais facile à gérer, surtout quand c’est invisible. Pour les aider à comprendre, j’ai fait des parallèles avec l’anxiété chez l’humain. Et petit à petit, j’ai commencé à faire des parallèles avec mon anxiété. Plus j’en parlais et plus je me rendais compte que mon bien-être avait aussi pris le bord. Depuis presque un an. Sournoisement, sans que je m’en rende compte. Sauf que l’épuisement et les crises d’angoisse tellement violentes qu’elles te jettent par terre, ce sont quand même des signes que quelque chose cloche. J’ai recommencé à voir ma psy.
J’ai aussi continué à parler d’anxiété autour de moi. On dirait que c’est plus facile grâce à Peluche. Par contre, ce qui n’a pas été facile, c’est d’aller consulter un médecin et d’obtenir un diagnostic : un autre épisode de dépression et un trouble d’anxiété généralisé. Telle fille, tel chien, I guess. Quand je suis rentrée à la maison, après le médecin et la pharmacie, Peluche m’attendait. Elle m’a regardée, la tête penchée sur le côté. Mes larmes ont glissé doucement de mon nez à son museau et elle m’a tapé dans la main.
Depuis deux semaines, nous avons aussi ajouté ma médication à notre routine. Il y a des jours plus difficiles que d’autres, mais ça va aller. Je me répète que rien n’arrive pour rien. Je me rappelle que ce qui m’a poussée à devenir technicienne en santé animale, c’est l’amour absolu de mon premier chien pendant mon premier épisode de dépression. Et même si parler de tout ça ici est très difficile pour moi, je crois sincèrement que ça en vaut la peine. Sur ce, je vous laisse sur cette question, parce qu’il faut que j’aille taper dans la patte de mon chien :
Et vous, vos animaux vous aident-ils à passer à travers les moments difficiles ?