J’ai toujours rêvé d’avoir une sœur avec qui je pourrais parler jusqu’aux petites heures du matin, qu’on partage nos vêtements, qu’on se raconte nos petits et grands secrets.
Celle qui ne me jugerait pas et qui me comprendrait plus que quiconque, qui serait ma partner in crime.
La vie ne nous offre pas toujours ce que l’on souhaite, ni ce dont on peut avoir besoin.
Les jumelles Olsen m’ont fait rêver avec leur belle complicité. Cependant, je suis loin d’avoir ce privilège avec ma sœur. On vit ensemble. On ne se connaît pas. On ne se parle pas. On cohabite, sans la moindre complicité. Je me sens étrangère. Je me sens imposteur. Je me sens comme de la criss de marde. Ma relation avec ma sœur est aussi belle que celle de Javotte et Anastasie envers Cendrillon.
Je ne suis plus capable de faire semblant que ma famille va bien. Je n’en peux plus de la voir s’éclipser de la pièce dès que j’y mets les pieds. Je n’en peux plus du silence étouffant. Je n’en peux plus de toute la haine qu’elle ressent pour moi.
Moi, je ne connais pas la relation fraternelle. La seule chose que je connais, c’est la haine. Ma sœur me déteste. Ce n’est pas une petite chicane à savoir qui a mangé le dernier biscuit. Non. C’est de devoir endurer le silence qui plane entre nous deux. C’est de vivre le malaise de n’être jamais assez bonne pour elle. De respirer et d’avoir peur de la déranger. De peser le moindre mot. De craindre de lui demander de me passer la poivrière ou de trop la regarder pendant les repas. Je marche sur des œufs.
J’ai peur de la perdre, même si dans les faits, je l’ai déjà perdue. Elle est ben loin de moi pis de mon petit quotidien, je suis trop ordinaire pour elle. Elle préfère la solitude. Elle préfère me laisser dans mon incertitude. Elle ne connaît rien de moi. De mon côté, je peine à la décoder. Elle agit telle une inconnue avec moi. Son indifférence me fait mal. Elle fait tout pour éviter mon regard. Elle ne me demandera jamais d’aide ou de conseils. Elle est trop fière pour demander à sa criss de sœur quoi que ce soit.
Malgré tout ça, j’ai toujours un fond d’espoir. L’espoir qu’il y ait un nouveau départ, que l’on puisse apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Chaque année, à l’approche de son anniversaire, je m’efforce de lui trouver un présent, qui je l’espère toujours, sera à la hauteur. Je veux trop tellement que les pots cassés puissent être recollés et que l’on puisse se pardonner. Je continue de me battre dans le vide. Au fond de moi, je suis blessée. À tous les moments importants, où je n’ai pas eu ma sœur à mes côtés. Ces moments où j’aurais voulu pouvoir me réfugier dans ses bras et pouvoir lui raconter mes chagrins. En attendant, je m’efface. Je me fais toute petite, en essayant de prendre le moins de place. Je veux juste qu’elle soit heureuse, même si c’est sans moi. J’essaie de faire mon deuil, le deuil d’une (belle) relation fraternelle. Le deuil de ma sœur.
Je t’aime.
Même si je suis dans l’ombre, je suis fière de toi.
Et vous, êtes-vous proches de vos frères et de vos sœurs?