J’avais été prévenue que l’ambiance au travail ne serait pas toujours agréable. La tension peut facilement monter, les employés en sont rapidement affectés et les changements d’humeur commencent. J’avais été avisée que, parfois, je pouvais être victime de ces fluctuations et qu’en aucun cas je ne devais me sentir responsable. On m’avait dit que parfois, les gars pouvaient s’acharner sur moi. Voyez-vous, je travaille dans un milieu exclusivement masculin. M’étant toujours sentie plus à l’aise avec les hommes puisque je me sentais moins jugée, je pensais réellement que j’y serais bien forever.
Je n’ai pas l’habitude d’investir beaucoup de temps sur mon apparence. Ayant pris quelques kilos ces dernières années, je ne me sens pas au meilleur de ma forme physique et je préfère me cacher sous des vêtements plus amples, qui ne mettent pas en valeur mon corps. Je passe peu de temps à me maquiller, puisque je n’ai pas vraiment de talent pour et que je suis du genre très low profile. Je me disais qu’au pire, je ne serai pas la fille cute au travail et, au mieux, on verrait d'abord la qualité de mon travail avant tout le reste.
Moi, quand j'essaie de me maquiller un peu plus.
Crédit : Giphy
Je me suis rapidement intégrée à l’équipe et tout le monde m’a mis à l’aise. Puis, un jour, j’avais une date après le boulot et j’ai décidé de m’arranger un peu. C’est là que les remarques ont commencé. Des commentaires et des blagues sur ma poitrine, surtout. « S’cuse moi, tes seins sortent, peux-tu les rentrer s’il te plaît? » Prise de panique, je vérifie si les « jumelles » sont à leur place; rien à signaler. Le commentaire avait pour seul but de créer un malaise. Petit rire de ma part, beaucoup de gêne et j’ai seulement pu articuler un : « Haha, t’es con. »
Par contre, le malaise n’est jamais parti. Quand les journées sont moins occupées, nous laissons place à des discussions qui ne sont pas reliées au travail. Celles-ci dévient vers un sujet : le sexe. Parfois, mes collègues parlent entre eux, en évitant de m’inclure dans la discussion sachant que c’est un sujet que je n'aime pas aborder ouvertement avec mes collègues de travail. D’autres fois, j’ai droit à des questions indiscrètes : « Quelle position tu préfères? », « Tu n’as pas de copain, c’est sûr que tu as un fuck friend » et j’en passe.
Me fâcher et leur dire que ça ne les concerne pas, que je ne veux pas en parler, pour eux c’est synonyme de fille coincée, plate, qui ne veut pas se sociabiliser. Si je démontre mon malaise par rapport à ces discussions, on me dit que j’exagère, que c’est seulement des blagues, que je prends tout trop sérieusement. Si j’ai le malheur de répondre n’importe quoi à leurs questions afin d’éteindre le feu, c’est plutôt l’effet contraire, comme si j’y jetais de l’huile. « Tu vois, tu n’es pas si pognée finalement. »
J’ai commencé à penser que finalement, j’étais peut-être trop coincée.
Mais la semaine passée, des phrases désobligeantes m’ont été répétées par un collègue : « Je sais que tu veux coucher avec moi », « Et si tu venais chez moi ce soir ? », « Toi et moi on va éventuellement passer une nuit ensemble. »
Pourtant, malgré l’inconfort et le dégoût que je ressens face à ces remarques, la peur d’en être la seule responsable m’habite. Et si j’envoyais le mauvais message? Et si j’exagérais? Alors je me contente d’un : « Non, je ne veux pas » et je passe à d’autres choses.
En fait non. Non, je ne veux pas passer une nuit avec toi. Non, tu ne m’excites pas. J’ai déjà dit non. J’ai déjà exprimé mon inconfort face à ces remarques. Non, c’est non, je n’ai pas été assez claire ?
La ligne est mince entre la plaisanterie et le harcèlement sexuel. Il existe plusieurs ressources dont Le Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement sexuel au travail de la province de Québec inc., site auquel vous pouvez vous référer pour savoir si ce que vous vivez est considéré par la loi comme du harcèlement sexuel, quels moyens adopter selon la situation et un soutien téléphonique confidentiel avec lequel vous pouvez communiquer.
Avez-vous déjà vécu une situation semblable?