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Trouble dysphorique prémenstruel : un grave SPM paralysant qui rime avec mal de vivre, anxiété, douleur incontrôlable et déprime
Crédit: Maude Bergeron

Il y a des jours comme celui-là où je ne comprends pas le sens à ma vie. Je me sens perdue au milieu d’une épaisse couche de brume rouge-grise foncée et j’entends une voix pointue dans ma tête qui me pique avec ses mots pleins d’envie de mourir. Mon intérieur devient percé de petits trous qui se remplissent d’angoisse, de peur, de tristesse et de noirceur. Je me sens gonflée des seins, du ventre et du cœur, mais pourtant vide d’intérêt, de motivation et de bonheur. J’ai le cœur gros qui me remonte jusque dans la bouche, qui souhaite quitter mon être sombre pour aller trouver un peu de réconfort chez un humain voisin. Tous mes sens m’abandonnent et je deviens seule, incapable de gérer ce qu’il se passe en moi.

Les excès de colère m’envahissent avec une telle puissance que mes yeux semblent saigner et ma gorge me paraît transpercée par mille petits couteaux trempés dans un poison violent. Je suis agressive, je pense aux nombreuses choses que je pourrais dire ou faire pour soulager la tempête dans mon corps qui est sur le point de ravager toutes mes routes et mes artères internes, me laissant au passage une trentaine de nids de poule permanents. Les chemins qui parcourent mon dedans sont plus que brisés, c’est évident.

J’essaie de soulager ces sentiments, mais rien ne semble fonctionner. Je me sens inutile, jugée, rejetée, mal-aimée. Les crises de panique me paralysent, mon humeur change drastiquement et la peur m’envahit. J’ai faim, j’ai soif, je suis fatiguée, je me sens désintéressée de tout ce qui pouvait me passionner précédemment.

Je n’arrive pas à dormir malgré mon être entier qui supplie mon cerveau d’arrêter de fonctionner pour quelques heures. Une période de repos bien méritée sans subir le dérèglement de mes hormones, est-ce trop demandé? Je reste plutôt éveillée, prisonnière de mes idées suicidaires et de mes excès de colère.

Je mange trop pour ensuite cesser de m’alimenter, la poitrine trop nouée pour ingérer un quelconque repas. Je pleure seule dans mon lit, j’ai mal au ventre, j’ai mal à l’utérus, j’ai mal à ma vie. Ma tête bourdonne et mes oreilles sifflent. Je ne vois que ma médiocrité et je ne ressens qu’un intense sentiment dépressif bien marqué.

Je pense à trop de choses en même temps, sans être capable d’effectuer quoi que ce soit. Je sais pourtant que cet état troublant ne m’affecte que 7 jours par mois, mais je suis découragée par la vitesse à laquelle tout tourne toujours si rapidement comme une roue sans fin. Je suis prise au piège, bien malgré moi, dans mon cycle menstruel défaillant. Mes hormones sont simplement déréglées et troublées pour les quelques jours précédant la fameuse fuite de sang.

J’aimerais connaître un moyen efficace pour me sortir de cette massive tornade d’émotions incontrôlées et non désirées qui me dépossèdent de ma personnalité douze semaines par année. J’aimerais qu’on arrête de nous juger, moi et toutes ces femmes aux prises avec un trouble dysphorique prémenstruel ou avec des problèmes de dérèglements hormonaux, qui affectent notre quotidien. J’aimerais que nous nous entraidions, que nous nous confiions pour enfin détruire les tabous entourant les menstruations et les conséquences physiques et mentales qui les accompagnent au fil des saisons.

Qui sait? Peut-être que nous pourrions trouver ensemble un peu de réconfort en sachant que nous ne sommes pas seules à vivre avec ces humeurs difficiles, ce sentiment de désespoir et cette anxiété qui s’incrustent profondément pendant quelque temps. Peut-être que ces émotions, qui détruisent avec ardeur les rues intérieures de nos corps, seraient plus évidentes à comprendre et à accepter si elles n’étaient pas stigmatisées et jugées constamment.

Si vous ressentez aussi des symptômes difficiles précédant vos règles, n'oubliez pas d'en parler avec un professionnel de la santé qui saura vous écouter et sachez surtout que vous n'êtes pas seules dans ces tempêtes qui semblent parfois impossibles à gérer.

Vivez-vous, vous aussi, avec un trouble dysphorique prémenstruel?

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