Les jérémiades : Amber Tamblyn était de passage à Montréal pour nous parler de son dernier recueil de poésie
Jeremie RomainEn avril dernier, quand l’Internet m’a dit que l’actrice Amber Tamblyn allait publier un recueil de poèmes, j’ai ri. « Une autre actrice qui essaye de se réinventer. Quand ce n’est pas une ligne de vêtements, c’est un recueil de poèmes, blah blah. » Je n’ai pas cherché plus loin.
Depuis, j’ai appris qu’en fait, elle en est à son troisième recueil et ce dernier, Dark Sparkler, porte sur un sujet qui m’intéresse depuis toujours : les actrices décédées avant leur temps.
Crédit : Jeremie Romain
Samedi dernier, en visite à la librairie Drawn & Quarterly dans le Mile-End, Tamblyn nous a expliqué son processus de recherche. Durant les 6 ans qui lui ont pris pour écrire Dark Sparkler, elle a tout lu sur les actrices connues et moins connues qui sont décédées prématurément. Elle a trouvé tous les certificats de décès, tous les rapports de police, les biographies oubliées, les nécrologies de journaux, les journaux intimes, bref tout ce qui pouvait lui donner du matériel pour rendre hommage aux défuntes.
Chaque poème a pour titre le nom de l’actrice en question, et il nous révèle ce que Tamblyn a trouvé de plus intéressant ou fascinant sur la mort de cette dernière, durant ses recherches. Nous y retrouvons des noms tels que Jean Harlow, Jayne Mansfield, Dominique Dunne, Brittany Murphy, Heather O’Rourke, Sharon Tate, Marilyn Monroe, Rebecca Schaeffer, Dana Plato, Frances Farmer et, oui, même Lindsay Lohan (seulement un titre avec une page blanche).
Crédit : Jeremie Romain
Même après avoir pris connaissance du thème du recueil et que ma curiosité ait été piquée, je me disais que ça devait être une espèce d’exercice de style semi-léger. Mais durant la période de questions, Tamblyn nous a expliqué à quel point elle était allée deep dans ses recherches et qu’à un moment donné, elle croyait qu’elle n’allait jamais s’en sortir. Son obsession l’a menée très loin.
C’est encore plus touchy puisqu’elle-même est une actrice et j’imagine qu’elle ne pouvait faire autrement que de se voir en elles.
Crédit : Amber Tamblyn/Instagram
Nous sommes très loin de 4 filles et un jean.
Le recueil comprend aussi des illustrations pour quelques-uns des poèmes, faites par des gens pas mal connus. Marcel Dzama, Kid Koala, Sandro Kopp (le chum de Tilda Swinton), Marilyn Manson, David Lynch et quelques autres ont créé des pièces pour le projet.
Tamblyn leur a envoyé 5 poèmes chaque et leur a dit de créer une illustration pour aller avec celui qui leur parlait le plus. À sa grande surprise, le réalisateur excentrique David Lynch a été choqué par la violence du poème sur l’actrice Sharon Tate (assassinée par la famille Manson en 1969) et a refusé de s’en inspirer. Il lui a dit que, pour lui, qui, contrairement à elle, était vivant à l’époque des meurtres, ce n’était pas quelque chose qu’il voulait revisiter.
Marilyn Manson, par contre, n’a pas eu froid aux yeux.
Crédit : Jeremie Romain
À la fin du recueil, dans l’épilogue, il y a une section où Tamblyn a recueilli tous les noms des actrices qu’elle a recherchées pour le projet, même celles qui n’ont pas eu droit à un poème. C’est une liste assez impressionnante. J’ai eu un frisson tout le long du corps quand j’ai vu le nom de Marie-Soleil Tougas. Souvenirs.
Elle aurait même fait rajouter le nom de l’actrice amérindienne Misty Upham, retrouvée morte sur le rebord d’une route en 2014, alors que le recueil était déjà chez l’imprimeur. Elle voulait lui rendre hommage.
Dark Sparkler est disponible partout. Procurez-vous-le si vous êtes fan de poésie ou de culture populaire. Le mien est signé!
Crédit : Sruti Islam