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Madame Victoria, la femme aux mille visages
Crédit: Marie-Eve Tougas

Voici tout d’abord la lecture du mois prochain : Les magiciens de l’auteur américain Lev Grossman. Ce premier roman d’une trilogie a fait un tabac lors de sa sortie et a gagné plusieurs prix depuis. Les critiques le qualifient même de Harry Potter pour adultes! Il a également été adapté en série télé et est diffusé depuis le mois de janvier sur les ondes de Showcase. Bref, je suis vraiment excitée à l’idée de lire ce bouquin.

Sur ce, le compte-rendu de Madame Victoria se trouve sous l’image. Gare aux spoilers!
 

The Magicians
Crédit : Amazon

 
Madame Victoria se base sur un fait divers montréalais assez particulier : en 2001, un squelette de femme est retrouvé dans le stationnement de l’hôpital Royal Victoria, en plein centre-ville de Montréal. Les tentatives d’identification des ossements échouent; personne ne vient « réclamer » les restes et les tests d’ADN sont tous négatifs. En 2011, l’émission Enquête a fait un topo sur ce cas singulier qui a rallumé l’intérêt public (d’où l’inspiration du roman).
 
Madame Victoria consiste en une dizaine de nouvelles. Je trouve que c’est un exemple parfait d’exercice de style : les mêmes thèmes forment la base de chaque histoire, le lecteur sait d’avance qu’elles auront toutes la même finalité et plusieurs éléments sont récurrents (la flèche qui pointe le nord, le nom Éon, les yeux vairons). La narration est souvent à la 3e personne, mais quelques-unes des nouvelles sont racontées au « je » et rajoutent du mystère à la personnalité de Victoria.
 

Tell me more - Grease
Crédit : mystrio/Tumblr

 
Le livre est divisé en trois parties, chacune séparée par des moments « réels » où des gens recherchent l’identité des os retrouvés. Dans la 1ère partie, les histoires concordent avec les faits trouvés après l'analyse des ossements. Les Victoria sont plausibles dans le temps et l’espace tel qu’on le connaît : elles sont tour à tour fille-mère, alcoolique ou suicidaire et nous montrent les facettes plus sombres qu'on porte en nous.

Le deuxième intermède se termine par « Après tout, ça pourrait être n’importe qui. ». Dans la 2e partie, les nouvelles partent dans tous les sens. On entre véritablement dans la fiction, où les possibilités sont infinies et où les Victoria viennent de partout. Elles ne sont plus assujetties aux faits tels que nous les connaissons : l’une est allergique au contact humain, l'autre vient d'une secte de Mormons aux États-Unis et la dernière est esclave noire dans le Montréal du 18e siècle!

Le troisième intermède se conclut avec « Elles sont des milliers. ». Les nouvelles de la 3e partie sont de toutes les époques, passées ou futures, touchant autant le réel que l’imaginaire. La science-fiction domine et la seule chose qui subsiste est la finalité de chacune des Victoria. Elles sont déesse, femme invisible, voyageuse du futur ou encore membre d'une tribu primitive.
 

Fast Reading - Coeur-Circuit
Crédit : GIPHY

 
Je dois dire qu’après avoir lu la première partie, je n’étais plus trop sûre de mon choix. Je me disais que j’allais vraiment trouver le temps long si toutes les nouvelles continuaient sur les mêmes variations réalistes! Avouons-le, ça aurait fini par être redondant. Heureusement, les deuxième et troisième parties m’ont agréablement surprise et m’ont réconciliée avec le tout. J’ai aussi pris conscience de ce qui séparait les histoires et mon côté méthodique a beaucoup apprécié ce détail.
 
Les sujets abordés dans les nouvelles n’étaient pas toujours dans mon registre ou mes intérêts, et c’est correct aussi. Mes histoires préférées sont Victoria amoureuse (l’esclave noire), Victoria en filigrane (la femme invisible) et Victoria dans le temps (la time-traveler). Remarquez-vous le pattern? #PassionScienceFiction

Au final, j’ai quand même apprécié ma lecture. La plume de Catherine Leroux m’a beaucoup plu et je vais assurément garder l’œil ouvert sur ses prochaines publications.
 
Quelles sont vos nouvelles préférées? Celles que vous avez moins aimées?

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