Chroniques d’une musulmane indignée : petite réflexion sur le féminisme musulman

À Noël, mes beaux-parents m’ont offert le dernier livre d’Asmaa Ibnouzahir : Chroniques d’une musulmane indignée. Je sais, ils me connaissent très bien!

Le récit autobiographique raconte les défis qu’a relevés Asmaa en tant que jeune immigrante musulmane d’origine marocaine, arrivée au Québec en 1994. Asmaa relate sans artifices les hauts et les bas de son intégration. Se greffe à l’histoire une réflexion intéressante sur les questions concernant la femme et l’islam, et sur leur traitement dans les médias québécois : le voile, les crimes « d’honneur », le féminisme, etc.
 
Engagée, militante, Asmaa livre un témoignage important, nécessaire à notre compréhension des enjeux sociopolitiques actuels. Que l’on soit d’accord ou pas avec ses conclusions, cette lecture nous amène à réfléchir. 
 
Fin de la critique littéraire.
 
De mon côté, ce livre m’a profondément marquée. Je m’y suis reconnue du début à la fin. Et ça m’a fait du bien.

Je vous explique pourquoi.
 
De plus loin que je me souvienne, j’ai passé ma vie à jongler avec l’idée que j’étais deux. Deux personnes dans le même corps, qui à un moment ou à un autre de ma vie se montraient le bout du nez. Chacun son tour. J’ai essayé maints stratagèmes afin de comprendre ce qui clochait chez moi. En espérant un jour réussir à faire la paix avec moi-même.
 
Je pense que le contexte actuel a accéléré cette démarche. Une douche froide et deux claques au visage plus tard, il n’était plus question de comprendre qui j’étais et de trouver le moyen de conjuguer mes deux identités, mais bien de défendre et prendre place dans un débat de société, qui était trop grand pour moi. J’ai sincèrement essayé d’ouvrir la porte à des échanges plus humains et moins empreints de haine et de violence.
 
Si j’ai saisi l’occasion avec TPL d’en faire plus, c’était entre autres pour que ma voix soit entendue, mais aussi, au bout du compte et égoïstement, pour m’aider à me comprendre et taire une fois pour toutes ce débat intérieur.
 
C’est en essayant de ne pas trop perdre l’équilibre dans ma recherche identitaire que je suis tombée sur le mouvement du féminisme musulman. Et ce mouvement a été une vraie révélation pour moi. Une épiphanie. Et même si j’ai encore beaucoup à apprendre sur le sujet, j’ai compris, autant à travers certains écrits que le livre d’Asma, que je n’étais pas seule, et surtout, qu’il est possible d’être cette mosaïque identitaire sans honte ni complexe.
 
Que vous soyez d’accord ou pas, ou tout simplement intrigué par l’Islam, je vous recommande cette lecture, ne serait-ce que pour saisir toute cette complexité et ces zones grises entourant la foi, la spiritualité et l’identité. 

Avez-vous lu Chroniques d'une musulmane indignée?